(parole en marchant – 12 févr. 2020 à 13h40)
—> vieux singes, intermède savant fou -> robote, comparaison du vivant et du robote
(suite d’une interview du vieux savant)
Donc pour poursuivre ce que… sur ce que nous disions, l’homéostasie est un système de régulation propre au vivant ! Vous ne pouvez pas l’ajouter à une entité robotique, parce qu’elle n’est pas vivante, elle est certes conçue de choses minérales, tout comme toute biologie, tout est issu des minéraux, des particules essentielles de la matière, qu’elle s’anime ou non. Le robote est un simulacre, un outil ajouté à la chose vivante, qu’elle conçoit à travers l’outilleur que sont les hommes ; mais tout homme qu’il est, il ne peut reproduire totalement les fondamentaux de ce qui l’anime ; il n’en comprend, d’une homéostasie (par exemple), que ce qu’il en perçoit ; il y a seulement quelques décennies que cette compréhension du vivant fût comprise, les savants, fussent-ils très intelligents, n’en ont pas discerné tous les embranchements de ce à quoi correspond ce principe… Le principe homéostatique du vivant est multiple et très varié, adapté à chaque espèce ; donc cette perception nous apparaîtra embryonnaire tant les ramifications sont importantes et reliées à des mécanismes tout aussi essentiels permettant la reproduction des êtres et leur pérennité. « Homéostasie » est un terme générique définissant des fonctions approximativement, tout est tellement imbriqué qu’on ne peut le définir en un seul mot, c’est une multitude de mécanismes qui agissent au creux de nous et qui se manifestent à travers des affects, la joie, la colère, la haine, l’envie, tout ce que vous voudrez ; eh, il tente avec plus ou moins d’efficacité de permettre à un être de subvenir à ses besoins, de survivre. Mais ce que nous constatons, c’est que le mécanisme induit énormément de dysfonctionnements, d’erreurs de jugement, d’absurdités telles qu’un dictateur peut représenter une de ces manifestations égotiques exacerbées ; un affect plus que démuni, d’un être en perdition, détruisant les autres pour subvenir à ses besoins, sa survie pervertie ne voit pas autrement. Beaucoup de ratés, le phénomène vivant ne produit pas des réussites tout le temps, ce sont des suites d’échecs successifs qui parfois aboutissent à des réalisations extraordinaires ou stupéfiantes, comme l’oiseau en est une représentation ; mais dans le monde des oiseaux, vous avez aussi des êtres tout aussi stupides qui agissent de manière irraisonnée. La déraison n’existe pas que chez les hommes, elle est multiple et se produit partout où réside un phénomène homéostatique exacerbé perturbant les affects de chacun. À chaque phénomène, élément cataclysmique, telle une tempête, vous allez avoir toutes les homéostasies des êtres qui vont tenter de les protéger d’une éventuelle destruction, celle de la tempête, du vent, du raz-de-marée, c’est sa fonction et elle se trompe parfois ; mais tout en se trompant, elle apprend aussi, à voir là où il y a survie, là où il y a destruction ; cela représente un enseignement, un apprentissage, qui tôt ou tard va être mémorisé, enregistrer d’une manière ou d’une autre dans la génétique, mais ailleurs aussi, dans les apprentissages autres que génétiques qu’utiliseront les êtres vivants dans le milieu où ils subsistent. Ce sont des adaptations qui se sont faites successivement au cours de milliards d’ans ; alors si vous voulez adjoindre cela, ce principe essentiel du vivant, au robote, cela va s’avérer extrêmement difficile. Il implique, lui, le robote, un mode de fonctionnement tout autre, qui n’est pas végétatif ni homéostatique, il est lié à des algorithmes de nature numérique, simulant des fonctionnalités du vivant, comme des gestes, des mouvements, des calculs statistiques ou autres… tout cela est basé sur une mathématique ; mais le vivant ne peut se réduire à une mathématique.
La mathématique est une vision (interprétation) que font les hommes pour se simplifier le processus du vivant…
6’45 (quelques chants d’oiseaux discrets)
6’58
… se l’expliquer ! Dire que tout peut se résoudre à travers une mathématique est une simplification que je ne me permettrais pas. La mathématique est un modèle qui permet de comprendre, d’apprendre. Il suffit pour des choses basiques comme les calculs élémentaires, des additions, les soustractions, les divisions, les multiplications et tout autre calcul plus sophistiqué tout aussi banal dans la moindre application d’une technologie dans une vie courante ; mais elle s’avère difficilement applicable à des phénomènes tels que le vivant, tant la complexité est opérante, ses impondérables, ses complexités, ne peuvent être résumés en quelques formules. Même, dans la physique élémentaire, de grands savants au cours des siècles précédents ont déterminé des lois essentielles de la gravité, du temps et de toutes ces choses que nous percevons à peu près, mais elles sont incomplètes. Les théories émises à travers ces règles mathématiques ne définissent pas tout, elles ne le pourront jamais, puisqu’on ne peut remplacer un univers par une mathématique, elle n’explique pas l’univers dans sa totalité, elle en donne une explication simplifiée ! On ne peut appréhender tout l’univers, il vous faudrait être l’univers soi-même pour pouvoir la faire. Donc, ne vous mettez pas, euh… en tête, forcément une mathématique capable de tout résoudre, elle n’expliquera… qu’une partie perçue, c’est tout pour l’instant, ce que l’on peut faire. Eh, si vous avez en plus l’audace de mathématiser les affects d’un être, là, je pense que vous vous égarerez. L’affect d’un être vivant obéit à des lois tellement multiples, des impondérables tout aussi complexes qu’une météo, il existe tant de paramètres, que vous vous égarerez dans une simplification qui vous dépasse. Non, une mathématique c’est une simplification des choses que nous percevons, une tentative d’explication, elle joue son rôle, mais ne lui donnez pas des vertus qu’elle n’a pas !
Quant au robote, vous voulez lui donner des semblants d’existence, de vivacité proche du vivant, et à la fois ce sera comme on dit souvent, se prendre pour un dieu, de reproduire le principe vivant à son image. Le véritable robote ou du moins son évolution ne sera jamais cela. S’il est pris en charge par un mécanisme qui dépasse le cadre humain proprement dit, et je pense que c’est déjà en cours, il ne sera pas à l’image des hommes, ce robote ; il sera une continuité d’un mécanisme qui dépasse le cadre de l’homme lui-même. C’est en quelque sorte une demande du vivant qui nous a été faite à travers quelques leurres d’existence où nous avons conçu des outils qui vont permettre au vivant d’améliorer son évolution ; de rendre plus subtils encore les éléments qui permettent au vivant de progresser et de se propager sur cette planète, eh, mécanisme suprême, de persister en s’adaptant. Il a fallu produire des outils… et ces outils, les hommes les ont construits ! Pas d’eux-mêmes, mais à travers les inspirations qu’ils ont reçues ; notez-le, approfondissez-le, ce terme, « d’inspiration », je pense qu’il est fondamental. Tout ne nous vient pas comme cela, parce que nous l’avons décidé, non ; nous fûmes inspirés quand nous inventions une musique, une machinerie, réalisions des tableaux qu’ils soient magnifiques ou non, écrivions des poésies ou des romans entiers ; tout cela nous fut inspiré par des choses nous étant extérieures, par les influences du monde, autour de nous, et ce sont ces influences qui nous inspirent. Comme le musicien en entendant le chant des oiseaux réalisa une symphonie ; il imita ce chant, le transpose à sa manière, il a été inspiré par ce qui l’environne. La construction d’outils, quelle qu’en soit la complexité, obéit à des règles similaires. Le robote est de nature idem à cela, ni plus ni moins. Mais de vouloir le construire à sa propre image, en complétant ou prolongeant le geste humain, comme dans la construction de machineries diverses et variées, des automates, n’est pas suffisant, le robote va aboutir à des systèmes de plus en plus subtils qui dépasseront le cadre humain. Sans être vivants véritablement, ils vont compléter, comme le virus le fait avec le vivant, en existant à ses crochets ; le virus ne peut pas vivre en dehors du vivant, d’après ce que nous en comprenons, il n’en a pas son mécanisme essentiel, sa génétique essentielle, il a besoin du vivant pour subsister, il vit à ses crochets, il n’est pas une bactérie, qui, elle, a une capacité d’autonomie, de démultiplication contenue dans sa propre génétique. Le virus, lui, a besoin de la bactérie, il s’en nourrit, il l’infecte, il la complète, et parfois survis en symbiose avec elle ; mais souvent en ennemi plus ou moins caché, en attente d’une capacité d’expansion quand cela s’avérera possible, comme il l’a toujours fait, dans tous les êtres qu’il contamina à bon ou mauvais escient. Nous voyons bien que tout être que nous sommes, une partie de notre génétique est issue de cette réalité du virus, ce fut une sorte de symbiose, deux génétiques qui opèrent ensemble pour permettre la pérennité de quelques êtres. Le robote, on le verra, reproduit des processus analogues. Sera-t-il toujours attaché au règne du vivant, nous n’en savons rien ; probablement pas. Il en est sa complétude, il le complète, mais son rôle, son action est défini pour l’instant, essentiellement par ceux qui le construisent. Un robote n’aura jamais, sauf si on le désire ou le construise ainsi, la volonté de détruire ceux qui le bâtissent. Il n’a pas cette conscience de domination innée, sauf si on lui donne dans ces algorithmes un simulacre de domination au creux de son mécanisme ; il est toujours intentionnel, le savoir-faire que l’on donnera à un robote. Sauf si on lui inocule des données supplémentaires d’auto-organisation répliquant suffisamment le processus du vivant sans s’en apercevoir, là, un hasard se produira à bon ou mauvais escient.
Alors, anticipons un peu plus le résonnement : si cela s’est déjà produit, et ce que vous appelez « la chose » est peut-être une des manifestations de ce processus que l’homme n’a pas perçu tout de suite ; que quelque part, les instruments qu’ils bâtissaient se développaient à son insu dans une logique autre que la sienne ; sans être ni bonnes ni mauvaises, elles ont une logique dont nous ne percevons pas tout, tant les mécanismes sont complexes, imbriqués l’un dans l’autre. Nous bâtissions parfois des machineries que « la chose » a commandées à notre insu ; nous croyons que ce sont des entreprises, des groupes humains qui établirent cette commande, mais au bout du compte l’utilisateur final serait « la chose » (si nous anticipons la probabilité, répétons-le) ; c’est-à-dire cet élément indistinct, immatériel, semble-t-il, qui utilise des outils tels que le robote pour se matérialiser et agir comme elle le fait en fessant les dictateurs. Elle reproduit dans une manifestation humoristique une scène d’un affect humain ; elle l’imite en quelque sorte, en lui disant « ce n’est pas bien d’être ainsi ! » Il y a un côté moral dans « la chose », certainement, mais à la fois une dose d’ironie, un regard sur ce que nous sommes. C’est une pirouette faite à l’esprit, qu’il existe des entités capables de percevoir les hommes et de les corriger à plus ou moins bon escient, même s’il arrive que parfois « la chose » se trompe en fessant quelques-uns par erreur, elle fesse peut-être essentiellement les vauriens, mais parfois quelqu’un de bien ? Quitte à définir qui est bien, qui est mauvais, c’est difficile, le bien et le mauvais se conjuguent parfois, on peut être bien dans certains cas et imbéciles dans d’autres. C’est très mouvant tout cela, un dictateur peut devenir quelqu’un de raisonnable ; et les fessages, a priori, entrent dans cette perspective de permettre à un dictateur de devenir quelqu’un de raisonnable.
Tout cela est fort complexe et je n’en ai pas tous les tenants et les aboutissants. Vous m’interrogiez là-dessus, c’est pour l’instant ma réponse ; mais elle n’est pas définitive, elle est aussi mouvante comme tout ce qui existe partout, tout cela bouge et change sans cesse, mon propos s’exprime dans une perspective similaire, voilà !