(texte manuscrit – 15 avril 2020 à 12h45)
—> 0. ὕλη, livre des préambules : ou ilem ?
un chant unique
Tous les mots, toutes les phrases, que vous trouverez ici, dans des assemblages et ponctuations de toutes sortes, sont l’amalgame de précédents dits, narrations de toute sorte, écrites ou parlées ; de multiples sonorités entendues, et récupérées par ici par là sans gêne aucune. Comme la bête procède beaucoup par copie, par imitation, elle reproduit, redispose les mêmes termes, espaces, ponctuations, phrases, idées, humeurs et conceptions des précédents auteurs ayant poursuivi ce mélange depuis que nous mémorisons ce langage, comme le font les oiseaux depuis longtemps. C’est le patrimoine d’une humanité vagissante, il est sans mérite ni privilège, il s’offre à nous comme un chant unique que l’on prolonge les uns après les autres, il n’appartient à personne, c’est un cadeau de la vie, et nul ne peut prétendre en être le propriétaire ; seulement un passeur, un passeur ou un relais tout au plus, sans mimique autre que la grimace que l’on imite de nos ancêtres, comme quand ils éructèrent les premiers termes de ce chant initié par l’oiseau, le grillon ou la cigale ; comme eux, nous reproduisons ces mêmes variations.
À un moment, le scribe s’écrie :
« Qui peut prétendre à une quelconque propriété de cela ? Je vous le demande ? »
« J’ai pris, volé, récupéré (entendu, ressassé, perçu, reçu, absorbé…), eh, je redonne (régurgite) à mon tour sans autre forme de procès. Tout cela ajouté comme une prévenance, une mise en garde, une alerte, un rappel, une redite, un préalable à d’éventuels procès d’intention. »