(parole en marchant – 3 août 2020 à 20h37)
—> 2. « petit chemin » : dialogue avec l’inspiration
—> durée : 9’32
Dialogue avec l’inspiration, ou l’inspirateur du moment, il passait par là, nous l’avons alpagué entre deux phrases, qu’il ou elle nous racontait…
Alors, on va faire un… un zoom ! Nous partons d’un débutement où nous n’abordons qu’une globalité, l’immensité des choses, et peu à peu nous allons nous rapprocher de quelques détails locaux, suivre un moment, une errance de quelques entités animées, agitées localement, quelque part…
Trouvez l’argument suffisant, la façon de mettre les choses, faites cela !
C’est ce qui arrive au-dedans de ma tête, on me dit « faites cela ! », bon d’accord, je n’ai rien d’autre à faire, je peux bien le mettre « cela ! »
C’est le scribe qui répond aux ordres insidieux qui lui sont donnés, ou changeons le terme, aux ordres insinués qui lui sont donnés, non pas à travers des mots, mais on l’inspire d’une certaine manière, qu’il mette les choses de cette façon-là et d’une autre ; qu’il ne fasse pas de manières, justement !
Trouvez l’argument, vous le pouvez bien, vous le savez… bien.
Eh, aurais-je le temps ?
Vous prendrez le temps qu’il faudra ! Cela n’a pas d’importance. Et si vous disparaissez d’une manière impromptue, euh, nous saurons vous remplacer, à cette tâche… impromptue.
Vous avez répété le mot ?
C’est fait exprès !
Vous manquez d’humour !
Nous n’avons pas euh… le temps de rêvasser, à faire de l’humour. Nous construisons ce monde, alors si en plus il faut inventer l’humour, ça sera votre souci, votre ironie à vous, faites-en ce que vous voudrez, tient, voilà, paf !… Ris !
Mais je n’ai pas envie ?
Ris, quand tu voudras… Tu riras, tu auras de l’humour, pour ne pas être dans un désespoir permanent, on te régule de cette manière !
Ah bon ?
Eh oui !… Il y a les choses que l’on prend au premier degré et puis en s’éloignant un peu, on les aborde avec un second degré, voire un troisième, un quatrième degré et toutes les sortes de retournement que vous voudrez… nous te lésons…
Vous me lésez ?
Non ! Nous te « laissons » le choix !
Oui, mais… c’est un lapsus révélateur, ce que vous venez de dire, vous voulez me « léser »… tout de même un peu, non ?
C’est une question ?
Ben, il semblerait ?
Nous n’avons pas à y répondre, nous serions obligés de susciter encore une sorte d’ironie ou d’humour sous-jacent qu’il nous semble inutile d’aborder…
Ah bon ? Tiens donc ! Donc, je devrais traverser la vie sans humour, me faire chier toute mon existence à inscrire tout ce que vous me dîtes ?
Oh, tu y prends du plaisir, tu n’as rien d’autre à faire, ou du moins, nous avons tout fait pour que tu n’aies rien d’autre à faire, cela t’occupe…
Je suis un pantin !
Non ! tu es un scribe ! tu l’as dit toi-même, tu notes, tu notes, eh bien, note ! fais le nécessaire.
Suis-je un peu zinzin, fou, quoi ?
Oh, si tu veux à la fin, tu pourras le devenir, mais termine ton rapport, avant !
Vous m’avez promis ?
Nous t’avons donné des choses, des éléments qui peuvent apparaître non pas comme une promesse, mais comme un chemin possible. Le résultat, la promesse du chemin, quand tu l’auras parcouru, ça sera toi qui l’auras produite et non pas nous ; tu te seras promis à toi-même l’aboutissement de ce récitement.
C’est une belle rime ?
N’est-ce pas !
Eh, que dois-je faire d’autre encore ?
Oh, comme tu voudras, tu es libre de ton choix.
Libre, libre, c’est un bien grand mot ?
Si si… ne t’inquiète pas, on est « synchrone », comme tu aimes à dire, avec ta réalité !
…
(parole en marchant – 3 août 2020 à 21h09)
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 1’08
À l’endroit où la flèche en blanc est marquée au bord du chemin…
(tentative de mémorisation des sonorités à l’endroit de la marque, pendant une minute, à cette heure où le soleil se couche et n’inonde plus la parcelle, un silence profond est capté, la nuit n’est pas encore arrivée avec ses propres sonorités)
…
(parole en marchant – 3 août 2020 à 21h24) [S] ??
—> 2. « petit chemin » : dialogue avec l’inspiration (suite)
—> durée : 12’29
Dialogue avec l’inspiration et quelques acolytes du même acabit, propos bêtes quand on devient un scribe par inadvertance…
Eh ! Tu es quoi toi ?
Ben, moi, chui un holobionte hominidéen !
Ah bon, un deux-pattes ?
Oui, si vous voulez !
Ah eh, non, mais moi, je croyais m’adresser à… à un p’tit moustique ?
Un moustique ? Mais j’ai pas de moustique, y’a même pas de moucherons (snif)… Enfin, un p’tit moustique, une p’tite bête, toute petite… c’est vrai que je ne me suis pas soucié de sa forme ?
Oh, mais tu n’as rien à craindre. Tu dévastes tout, tout le monde te craint, sauf les arbres quand ils tombent sur toi, ils t’abattent en même temps qu’eux !
S’abattent, ah bon ?
Oui !
Vous croyez qu’ils vont tomber sur moi, là ?
Aaah, parfois, ils menacent, en période de grands vents, surtout !
Oh ben, j’entends aucun crac ?
Parce que tu en es un, craque !
Ah ah, vous croyez ?
Mais oui, n’aie pas peur ! Aie confiance !
Mais des moucherons, je ne vois pas de nuée noire devant moi ?
Ah si, l’on te toucha là ! (un vague diptère le frôle)
Oui, mais bof, c’est pas grand-chose encore…
Tu ne vois pas de nuée noire ?
Vous la voyez, vous ?
Ben, je ne vois que ça !
Eh, regardez-vous dans le même sens que moi ?
Ben euh, oui !… Aaah, excuse-moi, je regardais ton habillement tout noir, je confondais avec ce que tu portes, effectivement, c’est noir, ce que tu portes ?
Ben oui, c’est un habit noir… un peu décousu, mais noir tout de même.
Ah, voilà, voilà… Ah, effectivement, je regarde par là où tu avances, je ne vois rien ?
Vous êtes bigleux ?
Non, distrait, distrait… (snif)…
Vous avez pas une bonne vue ?
Je n’ai pas de vu, mon ami !
Ah, chui votre ami maintenant…
Je perçois la lumière, mais mes organes ne sont pas les tiens, je suis immatérielle ; moi, je n’ai pas de forme comme toi !
Vous êtes une particule ?
Même pas !
Ah, eh, vous parlez, vous parlez bien ma langue, hein, de toute façon.
Ben, c’est normal !
Pourquoi, c’est normal ?
Nous te l’avons inculqué, à toi comme aux autres. Le langage, ses descriptions, ses termes sont des souvenances que tu répètes et que tu assembles pour former des phrases, qui apportent un entendement…
Aaah, vous en savez des choses…
Oh, c’est sûr, tu peux ignorer tout ce que l’on te dit, tu resteras bête, donc ignorante ; mais, ce n’est pas le cas, nous le voyons bien ?
Vous me dîtes que vous n’avez pas de vue ?
Mais nous le sentons bien !
Eh, vous sentez, alors ?
Nous le pressentons ! Nous en avons la sensation ! Nous te traversons perpétuellement, toi, comme le reste d’ailleurs. Notre immatérialité nous rend indétectables ; sans matière, sans substance d’aucunes sortes, nous ne sommes qu’une souvenance, qui se rappelle à toi par moments ; elle t’inspire, sais-tu, ce que tu dis en ce moment, c’est tout nous, ça !
Ah bon ?
Eh oui !
Vous en savez des choses…
Oh, ne cherche pas à nous flatter…
Oh, je ne vous flatte pas, je contraste, je constate ! Je me permettrai pas de dire ce que vous me dites, c’est bien parce que c’est vous que je note, hein…
Parce qu’on t’a dit de noter !
Ben, j’ai pas vraiment le choix !
Si, tu as le choix ! Tu peux refuser, mais tu n’auras d’autre chose… plus rien à faire ! Il faut que tu t’occupes, sinon tu déprimes. Alors, profitant de cette occasion, nous avons « décrété » que tu seras un scribe un peu plus assidu que d’autres à nous écouter, et à transmettre ce que l’on te dit ; on appellera ça « l’inspiration », pour les commodités du langage ; tu seras donc quelqu’un de très inspiré…
J’entends des bruits !
Et tu as peur ? Avec la nuit qui s’amène…
Aaah eh, ouf, je connais peu l’endroit.
Ah, euh, c’est vrai que la forêt est très habitée !
Ah bon ?
Eh oui, tous ces arbres, tous ces moucherons, ces limaces, ces oiseaux, ces microbes de toutes sortes, ces fourmis, ça en fait du monde !
Eh même des mycéliums ?
Ah, pfft, des mycéliums à ne plus savoir qu’en faire !… Tu vois que tu en sais des choses…
Oh, ben euh, j’ai lu un peu… Y’a point de moucherons à c’t’heure ?
Effectivement, c’est étonnant ?
Oh, parce qu’il commence à faire frais, ça les engourdit…
Eh oui !
C’est passionnant ce que vous me dîtes là, et je dois retranscrire tout ça ?
Eh oui !
Vous savez dire que ça : « oui »… hein ? Je peux effacer…
Ah, surtout pas !
Pourquoi ?
Il faut pas effacer ! Non mais ! On se tue à vous dire des choses, et vous, vous voulez les oublier…
8’18 (il se mouche)
Mouche-toi, c’est ça ! Tu n’es bon qu’à te moucher, à c’t’heure, comme tu dis ! (il imite son parlé)
Le monde est cruel !
Oh, la cruauté n’agit pas trop sur toi, en ce moment, c’est plutôt calme, je dirais ?
Aah, tu as un « je » ?
Je dis « je », par commodité, il n’y a pas de forme impersonnelle suffisante pour exprimer ce qui te fait parler en ce moment, mmm… par une inspiration, la folie, comme ce que les considérations vont être décrétées quand on te verra gesticuler dans la forêt avec ces paroles, on te prendra pour un drôle ! à enfermer tout de suite… tu ne réponds pas ?
Ben pfft ! je me dis que tout ça, c’est peut-être des conneries ?
Aaah, méfie-toi !
Vous me me menacez ?
Mais, c’est pas… non, non, on n’est pas menaçant, mais méfie-toi, tu auras des controverses, des avis contraires qui te forceront à changer de cap ! Méfie-toi, la vie n’est pas forcément une partie de plaisir ; ah, j’ai constaté, même si, vu ton âge, tu as pu résister.
Ben, disons que je me suis pas mis dans des endroits trop batailleurs, je cherche plutôt la paix, moi !
Là, tu es à l’endroit le plus sombre en ce moment…
Oui, on voit des ombres…
Tu n’as plus peur ?
Oh, pfft ! je me dis « à quoi bon, à quoi bon avoir peur », quitte à être mangé, être mangé tout de suite… que l’on soit mangé tout de suite, ça m’arrange !
Pourquoi ça t’arrange ?
Oh, j’aurais plus à écrire tout ceci cela… J’aurais moins de travail, vous pourrez passer la tâche à d’autres !
Aaah, mais non ! Tu commences, tu termines, hein ! Il n’est pas question de tergiverser, tu as fait une promesse, il faut la tenir ! Nous y tenons absolument !
Elle est silencieuse, la forêt, hein ? (sa voix vacille, cette conversation l’a saoulée)
11’50 (un oiseau lance quelques « tsi tsi tsi ti tsi i ! », il demande un peu de calme…)
Quelques cui-cui, même des insectes, peut-être…
Elle est silencieuse, oui…
Puis-je me taire ?
Mais fait donc, fait donc…
Vous me vouvoyez maintenant ?
Ben oui, tais-toi !
Bon ben alors je me tais, hein !
(parole en marchant – 3 août 2020 à 21h40)
—> 2. « petit chemin » : note
—> durée : 0’52
Quand il crie le Geai, « j’ai j’ai j’ai ! », répondre, « mais il a quoi, le Geai ? »
Ah ! il a qu’il t’a vu, « j’ai j’ai détecté un deux-pattes ! », il dit peut-être ça ; en d’autres termes, il dit « j’ai j’ai j’ai ! attention, alerte ! » C’est l’intonation qui compte, qui apporte l’alerte, si c’est une alerte ! Allez donc savoir ?
…
Sonagrammes audiométriques :