(paroles du matin – 22 oct. 2020 à 6h40)

—> [considérations philosophiques] observé par autrui (parole), ce processus qui m’anime
—> (fais suite au récit manuscrit du même jour, commencé la veille)
—> durée : 0’22

« Je suis fait de matières, qu’est-ce donc ce processus qui m’anime et dont j’ignore les contours ? »

(à 6h41)
—> durée : 65’54

Voilà !… (J’ai) poser la chose enregistreuse pour qu’elle mémorise ce qui sort de l’âme, qui se déverse et qui ne veut pas s’arrêter, elle se le dit à elle-même, ce que vous entendez, ce qui va être transcrit, ceci, que je dis ; elle parle à elle-même, elle tente une dérobade : explorer le processus qui l’anime, la forme où elle habite, cette âme…
Trouver un autre mot !
Mais du langage, il n’en sait pas plus pour l’instant, il ignore ! Oh, certaines âmes pensent à autre chose, de s’étudier elles-mêmes, elles n’en ont que faire ; elles mènent une existence dans la forme qu’elles habitent, elles cohabitent avec les autres semblables à elles-mêmes, elles conduisent ces entités du mieux qu’elles le peuvent, elles sont animées d’une émotivité particulière qui les fait ressentir le monde de toute manière, de toutes les sortes, elles ont une émotivité qui les font (fait) aller à droite à gauche ; et de choisir quelques amitiés, quelques plaisirs à « co-ha-bi-ter » !
3’12
Oui, effectivement, ce monde est étrange, que fais-je là ? Tiens, je parle, là ?
Mais de quoi parlez-vous ?
Eh, je parle de ce qui m’anime !
Aah ! Cela vous intéresse… (du) comment vous êtes animé ?
Effectivement… eh, pas de m’intéresser à moi-même, mais au processus qui fait que je parle et m’interroge sur ma condition !
Ah ah ! vous trouvez cela étrange ?
Effectivement, cela est étrange… et que je ne trouve pas le sommeil à dire toutes ces choses-là ! Oh, j’en avais marre d’allumer la lumière à chaque trouvaille de l’esprit, eh, qu’il fallait les transcrire (sans attendre) sur ces manuscrits de papier (pour ne pas les oublier)… Alors m’en vint l’idée de… utiliser à nouveau cette machine enregistreuse, la poser à côté de moi, et dans le noir, je vous dis tout ça, là, à cet instant…
Vous vous adressez à qui ?
Ooh ! D’abord, à moi-même, pour pouvoir réécouter ce qui sort de cette caboche, ces étranges choses d’une mémoire qui tente de déverser… on ne sait trop quoi ?
On ne sait trop quoi ?
Effectivement !
Vous voudriez que cela cesse, ces pensées qui vous malmènent l’esprit, à tel point que vous n’en arrivez pas à dormir, cette nuit ?
Oui, mais j’ai perturbé ce corps en jouant précédemment… à des choses qui lui perturbaient (chamboulaient) son rythme habituel du jour et de la nuit, entre l’activité et le sommeil. Ce ronronnement des cycles de la vie, liée à l’astre du jour, aussi, toute forme du vivant y est soumise, il ne peut faire autrement, son « plan de fabrique » est construit sur cette base, tenant compte des assauts lumineux de l’astre du jour là où une activité doit se faire quand la lumière est là (présente) ! Oh, d’autres opèrent à l’envers et ne s’animent, s’éveillent, que le soir, quand le soleil ne se voit pas, dans le ciel…
Vous parlez d’un soleil !
Oui, c’est l’astre du jour, c’est son nom, comme on le nomme, ici. Deux termes « sol ! » « eil ! » ; oh, dans d’autres dialectes, le terme est plus court, ou plus long… guère plus long, d’ailleurs ? Parfois, une seule syllabe suffit pour l’exprimer…
8’49
Vous vous taisez ?
Je me tais bien, oui, je me tais… Comment faire autrement ? De se taire ouvertement !
Vous savez que cela ne veut rien dire, tout ce que vous dîtes là… Vous disiez euh, il y a quelques heures que ce serait une conversation (entre) extraterrestre qui étudierait les formes existant sur cette planète… vous avez changé l’optique de votre discours, il n’est plus tout à fait le même, les interlocuteurs ne sont pas ceux que l’on croit ?
Oh, moi, vous savez, je vais où l’on me dit, là où c’est marqué, justement, d’une croix, à cet endroit ; et puis, d’autres repères un peu plus loin, qui me dit (disent) « va donc par là ! », alors, je suis le chemin. Vous savez le chemin, cette sorte d’avancement balisé par quelques ordonnancements particuliers ; une continuité qui se fait tout le long du jour, quand on le regarde dans l’enfilade où il vous dit d’aller, si vous le suivez… s’en écarter vous apporte quelques ornières qu’il faut traverser…
(Entre 11’41 et 11’47, une vibration brève est perçue, la machine enregistreuse va-t-elle la mémoriser ? Ou, est-ce dans sa tête, un artefact régulier, ces acouphènes singuliers ?)
Tiens ? Quelle est cette résonance… qui s’ajoute à ma parole ? L’avez-vous entendu, machine enregistreuse, cette parole… quelle est cette résonance ?…
(Oui, la machine a capté vaguement quelque chose à 11’41’8, un mouvement, un geste, mais pas cette résonance, comme le frôlement d’une mouche en plein vole, à son oreille)
Il y a une présence, ici, dont j’ignore le détour ; va-t-elle enfin se découvrir ? Elle se moque de vous, la présence dont j’ignore tout !
Vous croyez ?
Mais bien sûr, vous n’êtes qu’un « pantin », ici ! Et tout le jour, au réveil, vous croisez d’autres pantins qui s’animent et se posent cette éternelle question, parfois, « pourquoi donc je bouge tant ? »
13’59
Eh, l’on traverse des frontières, un peu partout, il y en a… partout !… Tranquillisez-vous, tentez de dormir, malgré les soubresauts de la parole qui surgit… Quel drôle d’appétit avez-vous, à régurgiter tout ce qui vient de votre caboche ? Vous faites une expérience, en ce moment, savez-vous ? Ou du moins, on fait une expérience de vous !
Oui, je sais, vous me l’avez déjà dit précédemment, ce que j’ai écrit ; relisez les notes, relisez le manuscrit de papier à côté, là… vous voyez, c’est écrit ! Je l’ai dit il y a moins d’une heure, je me le suis rappelé pour m’en souvenir, que cela devienne une mémoire ! La mémoire de mes organes ! Mes organes qui servent à penser, voilà ! c’est dit !
Et vous croyez que la machine enregistreuse enregistre ?
Oh, c’est très probable ! Je vois son petit voyant lumineux rougeâtre se refléter au plafond, la lueur est toujours là, lumineuse, discrète, mais suffisante… pour que je discerne sa présence…
Lève-toi !
Oui ! (il se lève et vérifie si le voyant des recordings est toujours allumé « rouge », sur le dessus de la machine enregistreuse)
Tu as regardé ?
Oui !
Il est toujours là, le voyant ?
Oui !
Alors ? C’est bien la bonne lueur que tu vois au plafond, celle du petit voyant rouge de la machine enregistreuse, qui ne cesse…
Qui ne cesse ?
Qui ne cesse… de récolter ces vibrations sonores qui sortent de ta voix ! Ceva la… cela va en faire… des mots, des termes à transcrire encore une fois, tu ne cesses, tu ne cesses de le faire, depuis tant et tant ! ne serais-tu pas essoufflé ?
Je n’en sais rien… cette pensée qui m’obsède…
Ah ! tu parles, la forme ? tu parles de toi, tu dis « je » ?
Je ne sais pas faire autrement !
Ah bon ?… Il est bizarre, ton processus, celui qui t’anime… Le sais-tu qu’il est bizarre, ton processus ?
Ouiii ! Je sais, celui qui m’anime, d’accord, on a compris, mais… fous-moi la paix !
Pourquoi ?
Ah ! je voudrais « dormir » !
Et tu voudrais que je me « taise », mais tu ne l’as pas fini, ta « thèse » ?
Ah ah ! Aah, ton humour est très drôle, ah, bravo, bravo !
Et si j’arrête la machine enregistreuse, il faudra que cinq minutes plus tard… Même pas, avant, d’autres mots, d’autres termes viendront, je les ai laissés s’échapper, le robinet est tout grand ouvert et ils s’évadent euh, voilà…
Et tu crois que l’on relira ce que tu dis là, du processus que voilà ?
Ah ah… je m’en fous, c’est une expérience que je fais !
Ah oui, c’est vrai ! tu l’avais dit déjà, tout à l’heure ?
Alors, tu vois !
Donc, dialogue avec toi-même ?
Voilà, tu as compris… « dialogue avec soi », avec le soi à soi !… À soi… j’utiliserai d’autres termes, cette parole qui sort de la forme de mon être, qui s’anime…
Le sais-tu, pourquoi tu t’animes ?
Aaah ça, si je le savais, je ne serais pas là à parloter ainsi, je constate ! C’est ma bouche qui m’anime, et tout le processus interne qui permet à cette bouche de s’énerver !… Et d’émettre quelques vibrations, quelques sonorités, pour que la machine enregistreuse, celle que tes semblables ont construite (serve à quelque chose)…
Elle est toujours allumée la machine ?
Oh oui, je vois, il y a toujours la petite nuance rouge au plafond, qui me dit qu’elle attend que je finisse mes parlottes… pour s’éteindre, peut-être ?
Peut-être ?
Ooh, elle finira bien par s’éteindre à un moment, ne t’inquiète pas ; toute forme d’énergie emmagasinée quelque part finit toujours par s’épuiser à un moment ou un autre, à force d’être dispersée…
Le temps, ici, de mémoriser ce que tu dis… Tu t’inquiètes, tu regardes encore la nuance (rouge au plafond)… tu voudrais que cela cesse ! Hein, n’est-ce pas ?… Tu ne réponds plus, tu te vexes ?… Sais-tu qu’on… que l’on te teste ?
Oh, ça y est, il recommence… avec son machin, son idée par là… Tais-toi, laisse-moi dormir… Je vais tenter un sommeil !
(il organise sa coucherie et s’endort)
24’13 (fin de la voix)