(parole en marchant – 6 déc. 2020 à 13h30)

—> 2. « petit chemin » : caprices (d’univers)… ***
—> durée : 30’10

(Ils parlaient de qui, en fait ? De la naissance d’un être divin, à qui l’on offrit un univers dévoué à sa cause et dont il s’amuse de lui, en laissant tranquille cet univers-ci, où il naquit ? Quelles sont les engeances pouvant se permettre de pareilles transgressions, au-delà de tout univers, par-dessus tous ceux-là, dans un monde de multivers ? Serait-ce encore une imagination fugitive offerte à quelques passants au creux d’une forêt, ils auraient perçu des tracasseries émises par les rumeurs d’entités cocasses ? Le monde est multiple, c’est certain, il en abrite d’un drôle de type, c’est malin…)

Il parlait en « ouin dire ! » Vous ressassiez cela tout à l’heure, eh, qu’entendez-vous par là « ouin dire » ?
Vous ne connaissez pas le « ouin dire » ?
Non !
Ce langage que l’on exprime quand l’on naquit ! Vous n’aviez qu’une parole, un « ouin dire » !
Aaah ! Aurait-il fallu que vous l’exprimiez d’une manière moins particulière, commune à nos oreilles à tous ?
Eh, ce n’est pas le cas, il parlait en « ouin dire »…
Et que disait-il donc ?
Qu’il naquit !
Qu’il n’a, qui, quoi ?
Lui !
Ah ? Eh, en delà (deçà) de ce constat, exprima-t-il autre chose ?
Effectivement, son « ouin dire », disait de n’être pas satisfaits, de la situation, de son engeance, ici !
Ah, diantre ?
Effectivement, il dit « entre… dans mon esprit »…
Je ne le voyais pas comme ça ? Mais si vous le dites !
Oui, en « ouin dire », il disait exactement qu’il voulait un univers pour lui, qu’on lui en offre un, celui où il naquit ne le satisfaisait pas… ou plus, même si auparavant cette question, il ne se la posait pas. De ce milieu où toutes les choses furent conditionnées pour qu’un jour, il naquisse (naquît), (et cela) ne lui apportait pas une satisfaction suffisante. Il voulait y remédier en agissant sur un nouvel univers qu’on lui donnera…
Mais cela se peut-il, que l’on vous donne un univers ? Et de quel univers parle-t-il ?… Vous restez coi ?
Attendez, j’attends que cela vienne ! Ce n’est pas tous les jours que l’on réclame un univers, et son « ouin dire » est bien…
Et bien ?
Silencieux !
Effectivement ! Vous savez que nous ressassons ce qui tout à l’heure fut dit… ce que nous disons là, nous ne faisons que ressasser une mémoire proche…
4’55 (quelques oiseaux comme une demande d’une suite, interrogatifs, gazouillent « ludireluu ? »)
Alors son « ouin dire » est de cet univers qu’il réclama ? En eut-il (un) satisfecit… à ce qu’il aura ?
Vous parlez dans un langage curieux, en mélangeant les temps, on s’y perd ?
Oui, c’est cela, mais dans tout univers l’on ne peut que s’y perdre. Celui où nous sévissons est si vaste, dont on n’en voit aucune limite ; en réclamer un nouveau, ah, vous vous y voyez tout autant, vu nos limites ? Quant au pouvoir que quelques-uns auraient à permettre cela, s’octroyer…
6’10 (l’oiseau s’exclame et rit à sa manière « tsi tsi tsi tsi ! »)
… ce choix-là, et (ce serait) d’en avoir la possibilité, d’offrir, à cause d’un « ouin dire » réclamant un nouvel univers, que ferions-nous (alors) de cet univers-ci (où nous sommes aussi) ? Nous ne pouvons changer indéfiniment d’univers, comme ça, en claquant des doigts ; même, si à la place des doigts, il n’y a qu’une sonorité, un « ouin » qu’il aurait à dire ! On ne réclame (au) moins, à force, pour qu’il se taise, ce chant désagréable de l’homme naissant (snif).
Vous (vous) rendez compte, êtes-vous prêts à changer d’univers ?
Mais qui vous dit qu’il faille changer d’univers ? On ne lui a pas offert ce nouvel univers ni donné par crainte…
Où en est la réponse à sa réclamation ? Eh, n’est-il pas déjà trop vieux pour parler dans ce « ouin » ?
Qu’est-ce à dire ?
L’on (ne) naît (que pendant) un court instant, après, on existe tout le temps jusqu’à périr, la naissance n’est qu’un instant fugitif, dans l’existence d’un être, pourquoi en faire toute une affaire ? Ce « ouin-là » est si fugitif, pourquoi en reprend-il cette parole-là, des temps jadis où il naquit, hein, pourquoi ?
(version : L’on naît pendant un court instant, après, nous existons tout un temps jusqu’à périr, la naissance n’est qu’un instant fugitif dans l’existence d’un être, pourquoi en faire toute une affaire ? Ce « ouin là » est si fugitif, pourquoi en reprend-il cette parole-là, des temps jadis où il naquit, hein, pourquoi ?)
Ça, je ne puis vous le dire, je vous rapporte qu’il réclame un univers tout neuf, sur lequel il pourrait agir !
Et y provoquer quoi : des misères (snif), des tons austères, on ne sait à qui l’on a affaire ?
Qu’il n’est… qu’il n’est pas la possibilité d’agir sur l’univers où il naquit est une chose, en disposer d’un (acquis) à sa propre cause en est une autre !
Qu’il en est un soumis à sa propre cause (snif) ! qui vous dit de soumettre ? Il réclame un autre univers, qu’on le lui mette à disposition, il n’a pas dit qu’il puisse agir au-dedans et y pratiquer toutes sortes de circonvolutions nocives, il n’a fait que réclamer pour l’instant, nous n’en savons pas plus. Alors, pourquoi tergiverser, discuter, sur une demande aussi courte, aussi peu propice aux débats, tant la demande est brève ?
C’est que son « ouin dire » était considérable, il fut entendu par tous, ici ! On aurait dit que l’entité au creux de lui, qui l’animait, surgissait comme une divinité exacerbée par le ton de cet univers-là !
Ah ? Diantre ?
Oui, entrez !
Non, c’est une expression…
Oui, mais cela ne vous empêche pas d’y entrer !
Dans quoi ?
La conversation !
Vous me mettez mal à l’aise, votre discours est quelque peu ambigu, je n’y ai pas d’aise ?
Mais je vous en prie, posez là votre séant, qu’il s’assit sans y mettre de gants pour adoucir votre popotin !
Oh, mais je vous en prie, je n’ai pas besoin de gants pour m’asseoir…
13’37 (l’oiseau s’amuse et réclame une suite à ce discours impromptu « tsi tsi tsi… tsi tsi lu ! »)
Ridicule ! Demander un univers ? En demanderais-je, moi, un pareil monde ? Au creux de ma voix, vous n’en trouverez aucune de ces demandes incongrues !
Vous avez remarqué comme la pluie s’écarte à votre passage ? Le temps l’a fait exprès, il vous suit à la trace, comme si cet univers vous suivait de près…
Eh, pourquoi me suit-il, je suis en son dedans ? (snif)
Oui, mais, les événements, autour de vous, assèchent l’air, enlèvent toute bruine, toute pluie ; vous ne respirez qu’un air humide, et voyez vos vêtements, ils ne sont point tachés d’eau, la bruine s’évapore… Ne trouvez-vous pas cela « beau », que vous puissiez parler dans un monde qui prête attention à vous ? (snif)
Serait-ce que vous soyez un univers suffisant pour interférer avec celui où vous êtes, n’êtes… n’y êtes qu’un habitant, hein ? (snif)
Votre interrogation me semble étrange ? (snif) Pourquoi prêterait-on attention à moi, dans cet instant fugitif de mon traversement, dans cette forêt, sans bruit, léger (vent), quelques oiseaux prêtant attention à mon maigre discours, s’amusant de mon parcours (snif) ; comment voulez-vous que j’ordonne (de) quelconques pensées après un pareil discours que vous me faisiez ?
Méprenez-vous, je n’ai pas cette force, là, d’agir sur les éléments que voilà, mais il est vrai que ces derniers temps, quelques changements ont eu lieu. La machine à fabriquer les substances digestives habituelles est tombée en panne ; j’en ai acquis une nouvelle, qui (elle) broie la substance « nouvelle (digestive) » d’une manière où les grains ne sont plus d’avance moulus, elle les écrase au dernier moment, et y laisse passer une eau qui s’en colore directement, offrant un arôme nouveau (plus frais). Ce simple fait ajouté à d’autres, à transformer mes humeurs !
Tiens donc ?
Je deviens peu à peu insensible aux froideurs de l’époque. Je pourrais traverser presque ce chemin nu sans éprouver une quelconque souffrance, je m’en étonne ! Aurais-je grossi, engraissé, de manière à ce que mon enveloppe offre une protection analogue à celle des cervidés du coin qui vivent toujours tout nu ; ils ont le cuir épais, le mien ne me semble pas plus épais qu’avant, mais il est un fait, que de chaleur… je n’en éprouve pas… dans les froideurs… (des bruits alentour, un chien aboie…) du bois (snif)…
Quelques éléments autour de vous vous perturbent ?
Oui (snif), au loin, quelques agités de la tige ferrailleuse faisant « pan pan », s’agitent avec leurs chiens chiens ! (snif) Ils veulent tirailler (sur) quelques Faisans, Sangliers et Cerfs locaux, ils ont cette assiduité à tirailler sur tout ce qui bouge.
Savez-vous que vous n’employez pas les termes adéquats ?
Oui, mais nous nous en foutons royalement !
Et nous avons remarqué cela ! Eh euh… le discours semble moyenâgeux, un peu dépassé, vous flirtez avec un avenir discourtois, vous voilà bien prédisposé… (snif) à subir un nouvel univers ?
Oh ! Ce n’est pas moi qui ai demandé en « ouin dire », pareille chose ! Qu’en pourrais-je faire de ce nouvel univers, j’en ai déjà assez d’un ? Pourquoi voudriez-vous que j’en réclame un autre ? Ce n’est pas moi qui réclame, c’est lui, l’autre, celui dont on parle, que l’on ne nomme pas (snif) ! D’ailleurs pourquoi devrait-on le nommer ? Son propre univers est en nous, et nous sommes en lui, nous sommes mêlés ! Tout comme notre discours, nous sommes tous au-dedans de cet univers-ci, notre localité est incertaine ! Nous agissons en nous demandant sans cesse « pourquoi toutes ces questions ? »
Le monde est bien étrange, quand on vous pose des questions qui sont d’avance des réponses. Pourquoi changerions-nous d’univers ?
Oh, pour voir comment ça fait !
Euh… vous remarquerez un nouvel aspect, nous venons de nous en apercevoir, l’arbre mort est définitivement mort (il parle de ce tronc familier qu’il croise souvent dans ses promenades [ajouter photo d’avant]), ses branchages sont tombés lors des derniers vents, des derniers grands vents ; il n’est plus debout, il ne reste qu’une tige (amoindrie) sans ses branches, le temps l’a abattu définitivement, il s’est écroulé ; ses branches dégarnies annonçant la persistance d’une absence de vie régulière, celle vouée aux formes ligneuses de la forêt, nous savions qu’il dépérirait peu à peu et que son armature, son tronc se déliterait au fil du temps, et là, un aspect du vent nous montre qu’il fut décharné définitivement (snif)… Nous pourrions aller autour, du peu qui reste debout ? C’est curieux, cela provoque en moi comme une tristesse, je m’y étais habitué à ces branches mortes, se découpant dans le ciel ; dorénavant, ce n’est plus comme avant, les choses changent, bougent…
Le monde prend des allures nouvelles, serait-ce que tu changes d’univers sans qu’on te le demande ?
Oh, mais… mais, mon propre univers ne fait que changer, il n’est qu’un éternel changement, ce n’est pas nouveau.
Si l’on te proposait un univers, lui, tout à fait nouveau, porté à ton seul désir, qu’en ferais-tu ?
Je l’essayerai, c’est certain. Mais qu’en ferais-je (snif), je n’en sais rien, je n’ai jamais eu tant de proéminence à ma portée ? Je suis tout intimidé, la forêt m’écoute… (ou) à défaut, qu’elle m’écourte, par un tir mal venu d’un de ces individus chassant, chassant, ceux qui les importunent… non… (snif) non…

(parole en marchant – 6 déc. 2020 à 14h15)

—> 2. « petit chemin » : caprices (suite)…
—> durée : 5’05

(ici aussi, dans la précipitation d’une mémoire que l’on risque d’oublier, une partie des mots ne sont pas exprimés d’une manière sonore, il fallut les ajouter après, dans la limite d’une souvenance approximative…)

Oh, ils n’aimeront pas, ils ne… on ne parle pas d’eux (snif)…
Oh, ici, on parle des prémices d’eux, euh… ce qui prélude à ce qu’ils sont, comme un accordéon qui s’essouffle s’aplatit et s’étend, pour y retrouver le vent, apportant les sonorités de son instrument… Je ne sais même plus pourquoi j’ai rappuyé sur le bouton de la machine enregistreuse ?
Tu m’as dit « appuie donc », ben j’ai appuyé !
Eh ben alors ?
Je ne sais plus quoi dire, c’est énervant ?
Tout vous traverse si souvent, que l’on s’y perd ?
Oui, c’est pour parler (snif) de cet ouvrage que tu considères, dans son bâtissement, dans sa construction, (où l’on parle de) tout cet univers. Il fallut bien quelque chose qui le prépare, comme à tout entendement, il faut une origine à toutes choses, quelque chose qui permet que l’histoire puisse se dérouler, c’est cela qui est dit (snif)… préparer l’histoire ! (snif)…
Ah, tu veux ajouter un préalable à d’autres préalables ?
Voilà ! C’est un peu ça, mais il manque encore quelque chose !
Un autre préalable ?
Je ne sais pas, mais (snif)… quelque chose au creux de toi, de nous, de tout, nous dis qu’il manque un élément, celui qui sera ajouté à la fin des fins, ce qui sera, pour le lecteur de ceci, le début de l’ouvrage, un commencement (snif) ; toute fin, prélude à un commencement…
3’21 (monte progressivement la rumeur d’un avion de ligne, elle agace la narration)
… non terminé, certes, mais ce qui sera exprimé sera relu différemment par toutes sortes d’entités pour qui cela sera nouveau ! C’est un recommencement avec des variantes, c’est cela la valeur des espacements et des resserrements, ces oscillations permanentes, tout s’enfuit et tout revient ! À force de s’enfuir, on revient, comme dans un cercle, au point des temps jadis où l’on passa… Et l’on y passe à nouveau, avec un petit oubli de ce qui fut jadis tout le long de notre parcours, et reprenant celui-ci, nous y apportons un renouveau, un revenez-y. C’est cela le parcours, à force, à force, à force, rien n’est nouveau, mais tout ne fait que varier…
Alors ?
Aah… voilà !