(parole de la nuit – 20 mars 2021 à 0h03)

—> 5. ajoutements, autour et sur le récit :
—> durée : 7’16

Vous disiez quoi, à propos du rythme de la parole en marchant ?
Il est plus fort, plus percutant, même si les phrases sont maladroites… maladroites, l’intonation, le rythme est là, il ne faut pas le… détruire ! Euh… la tonalité des mots propres ne doit pas être changée, il faut la garder absolument, trouver un mot équivalent, s’approchant (au mieux), donnant l’élément de rythme qui est arrivé subrepticement et qu’il ne faut pas enlever ; on se trompe si on change cela ! Dans une écriture directe, manuscrite, le rythme n’est pas le même, la profondeur est tout autre et l’on ne parle pas des mêmes choses, à ce moment-là ; tout comme la parole qui nous vient devant les machines enregistreuses ou les robotes électronisés, euh… votre état d’esprit n’est pas le même, il n’y a pas ce rythme de la marche, ce n’est pas équivalent… Par contre, il peut exister des dialogues temporels entre ces deux situations, l’un répondant à l’autre, d’un récit précédent, ou d’un récit s’en venant, les liaisons sont permanentes. Non ! Retrouver la source exacte des intonations des mots, dans le rythme de la voix, quand elle est parlée (exprimée), est un langage en soi qui se superpose au langage propre des mots, tout comme l’ambiance sonore, le chant des oiseaux par excellence est une des meilleures représentations qui soient, le vent aussi joue, le grincement des arbres, il ne vous manque que la senteur, les perceptions que vous avez eues au moment où la mémorisation de cette voix, de ce récit, se faisait, là, cela est perdu… Mais la souvenance, en réécoutant le discours, vous fait resurgir parfois quelques éléments du lieu où vous étiez dans votre transport, à ce moment-là. Tous ces éléments apportent une richesse que n’a pas une écriture (manuscrite isolée d’un extérieur). À moins que vous écriviez dans un train, là c’est possible, il y a le mouvement, ou dans une machine quelconque, probablement pas une voiture, c’est moins confortable ; mais un train, c’est envisageable, le défilement du paysage, la stabilité du wagon est tout autre que celle d’une voiture…
La mémorisation d’une voix, d’une ambiance, ont une force, une énergie… apporte une souvenance, une perception des choses que n’a pas une écriture immobile, elle alimente le reste, elle rayonne (de sa tonalité propre, qui plus est, dans une forêt où les bruissements sont souvent subtils).
C’est pour cela que le « petit chemin » peu à peu dans l’histoire de ce racontement global, prit peu à peu de l’importance, et se révéla comme l’élément central qui alimenta tout le reste du discours. Il y amena une ossature que n’aurait pas eue un discours équivalent derrière une chaise, ou sur une table vous écrivez inerte ; le flot n’est pas le même… Je dis « inerte », sans mouvement autre que celui des doigts qui font avancer le stylographe sur la feuille de papier.
Voilà ce que je dis… voilà ce que je peux dire à propos du « petit chemin », et de ce discours en marchant, de cette voix particulière, cette parole-là, ce qu’elle nous apporte dans ces déplacements lents, mais complètement… supérieurs aux autres récitements. Je le pense ainsi, c’est une ossature qu’ils donnent, il faut les prendre comme ils sont et ne pas trop les bouleverser, voilà !