(parole en marchant – 21 févr. 2021 à 13h40) [S]

—> petit chemin, origine
—> durée : 8’07

(Il y a beaucoup de vent, aujourd’hui, un vent du sud plein de chaleur !)

Je vais essayer de me rappeler tout ce que vous venez de me dire ?
« N’oublie pas tes origines depuis la nuit des temps… »
« N’oublie pas “toutes” tes origines depuis la nuit des temps, du plus lointain que l’on se souvienne, et puis de maintenant… »
« N’oublie pas toutes tes origines, de tout ce qui te constitua, et puis un jour se défera, un jour tu mourras, un jour tu renaîtras, et cela sans cesse, s’assemblent et se désassemblent depuis la nuit des temps ceux qui te constituent ; Au-delà de l’idée même de ton espèce, de ta forme propre, n’oublie pas ton origine, elle appartient à ce monde, elle n’en est pas une altérité originale, elle est commune à toute entité, quelle qu’elle soit, dans cet univers au creux de toi ! »
Ai-je bien répété ?
Oh, vous avez apporté quelques variations non sans intérêt, mais bon, dans l’ensemble, cela va de soi, cela peut convenir ; il n’y a pas de règle, il n’y a que les variations et vous êtes entrés dans ce fait majeur qui nous constitue ; de sans cesse varier…
Ce qui te construit, n’est qu’une éternelle variation ; et le jour où ta forme se désassemblera, tu verras que ta constitution à ce moment-là, euh… ne sera pas (plus) la même qu’au moment où nous parlons, actuellement (version : Ce qui te construit n’est qu’une suite d’éternelles variations, et le jour où ta forme se désassemblera, l’on pourra voir la lente redistribution de ce qui te constitua) ; il y aura (certes) des différences, et par contre (il y aura) une trace laissée, elle, intangible, résistant contre vents et marées, celle qui te construit, elle va être délaissée et reprise par d’autres, par fragments ou en totalité, pour assembler, construire d’autres univers, d’autres constitutions d’entités telles que la tienne.
Cela s’est toujours fait, cela n’est pas nouveau !
Dans ces variations, il y a donc cette persistance, cette trace ; cela peut être le code génétique, certains algorithmes qui construisent des entités telles que nous ; eh, il y a au-delà du code même que nous connaissons, puisque le monde se construit d’une certaine manière, au niveau le plus fin que nous pouvons observer, les particules élémentaires de l’univers, si elles ont une forme précise, un mode de fonctionnement précis, c’est qu’un ordre particulier s’est établi pour que… elles puissent y être identifiées d’une manière ou d’une autre, et qu’elles agissent, dans l’univers, d’une manière ou d’une autre ; c’est qu’il y a une raison, un ordre qui s’est construit, on n’en sait rien (de) comment cela s’est produit ? Eh, ce n’est que le fruit de nos constatations, ce que nous observons ou croyons observer, peut-être est-ce un leurre qui nous est donné, ou ce que nous voyons nous trompe, nous n’en savons rien ?
4’59 (un oiseau, dans le vent, laisse lui aussi sa trace sonore venir à nous nous imprégner de ses vibrations subtiles…)
Mais peut-être, l’oiseau vers lequel nous nous approchons en sait quelque chose, lui, que nous dit-il ? Ah, écoutons-le ?

de 5’28 à 5’49, en fait, plusieurs oiseaux dialoguent entre eux « ti tutu ti tutu ti ! » la Mésange charbonnière sûrement, puis une Buse variable…
zoom de 5’43 à 5’49, Buse variable, Mésange charbonnière, et Bruant zizi en arrière plan…

7’07
Que vous a-t-il dit ?
Oh, ils étaient plus nombreux qu’un, il y en avait au moins trois, voire plus ? Euh… trois familles ! Ils se foutaient royalement de ce que l’on pouvait dire, leur préoccupation était tout autre… Eh, notre parole était-elle plus profonde que la leur, plus essentielle ? Certainement pas, certainement pas…

(parole en marchant – 21 févr. 2021 à 13h50) [S]

—> petit chemin, origine (suite)
—> durée : 16’29

Parlez du respect !
Parler du respect que nous avons au-dedans de la forêt comme d’ailleurs, toutes les particularités de nos agissements dans notre milieu, notre « j’m’en foutisme » des choses hors de nous, où nous ne voyons que notre confort ! S’il fallait comparer, si une espèce vivante avait atteint (une) l’émergence telle que la nôtre, peut-être agirait-elle de la même manière, dans un j’m’en foutisme équivalence ? Ce n’est pas sûr, nous n’en savons rien ? Mais, je retiens seulement un fait, celui-là même qui nous permet de penser, notre j’m’en foutisme particulier vis-à-vis de notre milieu, quand dans une forêt nous coupons les arbres, et le désordre que nous y effectuons sans respecter aucunement euh… notre milieu ni de faire (quémander) un pardon et un merci, une demande honorable, une prière presque, s’excusant de la ponction que l’on fait, ne serait-ce que pour survivre ou pour améliorer notre propre confort, faire du fric, etc., etc.
(un aéronef pollue les sonorités de l’air)
C’est de cela, justement, qu’il nous manque une certaine forme de discernement, de culture, de savoir-faire, que certains peuples dits primitifs avaient (et) s’excusaient d’avoir tué le Bison, dans les contrées lointaines d’ici ; et même avant, ce cérémoniel, dans nos contrées, devait probablement exister parfois…
Ah, un Papillon jaune m’accompagne… bonjour Papillon jaune ! Je salue le Papillon du printemps bientôt…
(à nouveau, la rumeur venue du ciel, d’une machine volante au son désagréable…)
… il me prévient, il me guide ! je fais attention à lui ! Eh bien, c’est pareil pour les êtres autres que nous, notre attention que nous leur apportons, même si ce n’est pas compris, dans le respect, de la dignité que nous leur portons ; si nous les tuons…
(encore des machines, roulantes cette fois, le croisent, le bruissement de l’air est tout aussi désagréable ; il traverse la grand’route)
… c’est avec un discernement… (qu’il serait souhaitable d’améliorer)
(il peste contre les véhicules, cela perturbe son discours…)
Alors, ça y est ?
… si nous les tuons, c’est (ce serait) avec un discernement qui nous fait (qui nous ferait) dire « pardon de vous trucider ! » ; d’essayer, à chaque fois, de se justifier d’un tel acte, nous ferait réfléchir probablement, à notre conduite ? Eh, ce rituel devrait être général, établi comme une loi, une règle, une règle de bon sens, « c’est » du bon sens ! Car quelque chose, au creux de nous, quelque soit notre position (sociale, notre origine) nous interpelle à ce sujet. Donc, si indépendamment de nos mœurs, de notre ethnie, cela revient tout le temps, ce simple « bon sens », c’est que quelque part, au-delà de nos rites transmis oralement ou culturellement, il fait partie du code, du plan de fabrique génétique inscrit au creux de nous, dans notre mode de fonctionnement. Euh… ce que l’on appelle dans certaines religions, « des (les) dix commandements » sont basés pour l’essentiel sur de simples bons sens, qui dépassent même le cadre même des religiosités que nous y avons mises…
Ce sont pour l’essentiel des règles de bon sens, donc, faisant partie du plan de fabrique qui nous constitue ?
Oh, cela ne s’oppose pas véritablement (à) l’idée d’un dieu créateur, puisqu’il nous a créés, donc, dans cette logique, ce qui nous construit, inclut ces « dix commandements » évidemment ! Il n’y a pas d’opposition, sauf que l’idée de dieux, si nous adoptons une pensée en dehors de ce principe où un dieu serait à son image, ou a notre image, dans le sens que vous voudrez, ce point-là peut s’avérer discutable, politique ? Aucun d’entre nous n’en sait vraiment rien de la chose, du truc, du machin qui nous anime, et qui nous a créées, depuis la nuit des temps. C’est valable pour tout, la p’tite étincelle qui fait que l’on s’anime, la p’tite information, la petite trace, toujours la même, qui s’instruit (s’inscrit) au-dedans des formes qu’elle assemble et permette le mouvement, la duplication, l’éducation, la reproduction, l’équilibre, la stabilisation et la diversification ; tous ces aspects-là obéissent à un processus très ancien…
7’30 (un oiseau s’exclame, et ajoute son point de vue…)
… très ancien !

de 7’39 à 7’46, une Sittelle torchepot développe sa théorie « tuit tuit tuit tuit ! », et un autre oiseau lâche quelques trilles…

7’49 (un bruit de machine à moteur monte progressivement au fil de son avancement, un tracteur, un aéroplane à hélice ?)

de 7’54 à 8’09, au loin le chant continu de l’oiseau inconnu…

L’oiseau me le dit, c’est très ancien, très ancien ! Il l’a répété plusieurs fois ! Retournez un peu en arrière et réécoutez ce qu’il vient de dire, « très anciens, très anciens ! », il a insisté. Ah, je puis vous l’affirmer, l’écoute de l’oiseau est certaine, puisqu’il cause, lui, à sa manière, c’est qui m’entend ! Dire qu’il ne me comprend pas, eh eh eh, il n’y a que de drôles de savants idiots, je dirais, qui ne comprennent pas, et « j’affabule », dirait-on.
L’oiseau n’a pas notre intelligence !
Qu’en savons-nous ? Il a « son » intelligence, une intelligence d’oiseaux. Elle n’est ni inférieure ni supérieure aux nôtres, elle est différente ! La seule chose qui nous distingue ce sont nos différences, aucune valeur à apporter là-dedans ? Eh, une chose nous relie, c’est qu’à nous tous, toutes nos origines depuis la nuit des temps, dans tout ce qui nous forme, aboutit au même résultat, au même constat, devrait-on dire, il est le même partout… Hein, papillon jaune qui m’accompagne ; partout !
9’40 (le bruit des machines s’est atténué, il devient une plainte lointaine portée par vague avec le vent…)
Et ce constat, quel est-il, monsieur ?
Ah, vous le prenez d’un ton hautain, vous n’avez pas l’air convaincu par ce que je puis dire ? Nous venons tous de la même graine, en quelque sorte ; tous ! du plus infime au plus gros des êtres sur cette planète ; notre origine à tous est la même, d’une même bouillie incertaine qui préluda, comme un énorme préalable, à notre construction. C’est à cela où je veux en venir ! Et si cette question me préoccupe, semble-t-il, tout le temps, c’est que justement le souci est de retrouver les traces de ces préalables ; beaucoup, dans la science, dans l’ésotérisme aussi, ont cette tentative de recherche, les uns à travers une logique morte, ésotérisme basé sur des croyances qui ne bougent plus, et les autres, non pas sur une croyance, mais sur des constats d’une science qui explore et tente, théorie après théorie, de comprendre le monde en se trompant perpétuellement, et en l’acceptant ainsi…
11’22 (l’oiseau s’en amuse, ici, il rit à sa manière « iii uuuu… », l’homme s’arrête, et écoute ; le vent monte progressivement)

de 11’33 à 11’44, Rougegorge ?
de 11’52 à 12’05, Rougegorge ?
de 12’09 à 12’21, Rougegorge ?

13’36
Voyez, l’oiseau m’a coupé la chique ! Il m’a dit « attends, attends, attends, tu causes trop, laisse-moi causer ! »
Eeh, le chant de l’oiseau est suprême, ils ont autorité sur ma propre parole !
Ooh, vous affabulez encore !
Non non non, c’est un jeu certainement, mais ce jeu s’ouvre à une éventualité que l’on pourrait se poser…
Eh, y a-t-il véritablement un dialogue ?
Mais certainement, l’oiseau depuis longtemps vous a vu, avant même que vous le voyiez, il est si petit l’oiseau qui chanta auprès de vous tout à l’heure ; déjà que son dit, sa parole, vous appelez ça un chant, c’est le côté féerique, essentiel, fondamental ; les premières paroles furent des chants, les premiers hommes qui eurent des cordes vocales dignes de cela, pour émettre quelques sonorités dans leurs premiers borborygmes, imitèrent les oiseaux, ceux qui étaient autour d’eux, puisqu’ils entendaient, et qu’il fallait entendre pour pouvoir émettre quelques sons. Ces deux sens, la parole et l’écoute, sont étroitement liés, l’un ne fonctionne pas sans l’autre. Si vous n’entendez pas, votre borborygme ne peut être contrôlé, il ne correspond (correspondra) à rien ! Eh eh, il ne nécessite pas que vos cordes vocales s’affinent si elles ne peuvent pas êtres orientées vers euh… une euh… oh, je vais utiliser un mot savant, vers une logorrhée qui exprime quelque chose, il faut que les deux sens cohabitent, forme une boucle (phonatoire)…
(un Geai rouspète et lui demande de se taire, « qu’il la boucle ! »)

(parole en marchant – 21 févr. 2021 à 14h41) [S]

—> petit chemin,
—> durée : 6’04

(bruit de pas et chants d’oiseaux brefs, au début : sonagrammes)
0’37 (il parle doucement)
Pendant que le chant des oiseaux cesse, vous disiez, à propos des gens qui complotent ?
Ah, que l’on complote tout le temps ? Mais les hommes n’ont-ils jamais cessé de comploter entre eux…
0’58 (il se tait, un cri de rapace au loin, non, le retour des Grues cendrées)
… dites-le-moi ? Sauf que cela, avec la chose webeuse, prend des allures nouvelles, on exacerbe le complot sous-jacent, prétendu ! il y en a toujours eu, mais un complot cache d’autres complots ; ceux qui dénoncent le complot complotent eux-mêmes, dans des idées saugrenues prétendues (à leur tour) complotistes ; avec beaucoup de « iste », on en fait des choses !
(dit-il d’un air, avec une parole de vieillard chevrotante, chose qu’on lui reprocha, d’être un vieillard)

entre 1’25 et 1’31, l’apostrophe de la Mésange huppée tout près ; une Grue cendrée à nouveau, au loin, sur les mots de l’homme…

L’oiseau se tait… ou plutôt, les oiseaux se taisent ! Ils écoutent la parole du vieillard ; et ce même vieillard voit des arbres marqués d’une flèche orange, indiquant le cheminement (réglementé) des abatteuses d’arbres ; et de l’autre côté, des arbres marqués de la barre rouge de côté, qui indique leurs futurs abattages pour un éclaircissement de la forêt (snif) ; le chemin (est) délabré, des tas de bois partout, des numérotages, étiquetages, « 1601 », ici, « O N F », à côté !
C’est un bois qui date de l’an 1601 ?
Oh non ! il serait bien plus gros, non, c’est un code cabalistique des bureaucraties forestières !
Aaah ! voilà, voilà…
Regardez-moi ces cheminements dévastant la forêt avec leurs roues exubérantes, les chemins n’en sont plus pareils, très difficiles à avancer au-dedans…
3’55 (il se tait un temps et avance, de brefs gazouillis par moments…)
4’15
L’oiseau se taire… Quelques gazouillis…

4’21 à 4’43, Une Buse varie, elle ajoute sa parlotte au discours de l’homme, en disant « je t’ai vu kiiiaaa ! kiiiaaa ! » accompagnée d’une Mésange huppée plus près…
zoom de 4’22 à 4’26

4’43
Ici, les oiseaux contemplent le cimetière de leurs perchoirs, ils regrettent ! De là où ils ne peuvent plus voir le passant tel que moi, et vociférer dessus ; ils s’en éloignent, on se méfie des deux-pattes à cet endroit ; la coupe est fraîche, trop récente pour qu’il (y) puisse subsister une quelconque joyeuseté, l’endroit est triste, triste, très triste, tellement triste que je m’arrête de parler inutilement…

(sonorités – 21 févr. 2021 à 15h03)

—> petit chemin
—> durée : 2’54

de 0’04 à 0’14, Mésange huppée et ??
de 0’42 à 0’53, Mésange charbonnière

Sonagrammes audiométriques :