(parole entre deux sommeils – 8 janv. 2022 à 1h19)

—> 5e ajoutements, tragicomédies, akoustikos
—> durée originale : 14’06 ; durée après retouches : 10’17

(promesse non tenue)

Alors, tu vas parler ?
Je suis dans un monde bizarre où l’on ne m’octroie pas de hasard ! Voilà ce que j’en dis…
Es-tu sourd, n’entends-tu pas, au loin, la rumeur ?
Eh oui, je suis sourd, je n’entends qu’une proximité, quelques bruissements, au loin, insignifiants pour moi… C’est trop tard, j’ai tout perdu, même les idées noires, je les ai perdus ! Tout ce monde dans le noir est descendu !
Où ?
Ah, ça, je n’en sais rien ?
Que dites-vous, ah, dans cette voix lointaine, où j’ai l’impression de parler très fort d’une voix très graaave… où je me demande encore, « que fais-je là ? »
Quel est ton drame, petit homme, quel est ton drame ?
Je l’ignore ? Il y a quelque chose qui me mène quelque part… et je l’ignore ! Mais je sais bien comment je vais finir, ronger par les vers, c’est sûr, bientôt sûrement, bientôt ; cela arrive, ce jour que l’on dit détestable, dont on devrait tous avoir peur ! Mais moi, euh, j’ai des doutes ?
Tu as des doutes ?
Ouais, j’ai des doutes !
Ah, explique-nous ?
Ben ! pfff, on finit tous un jour, c’est notre lot commun ; pourquoi devrais-je avoir peur d’une chose aussi commune qu’une naissance ? L’idée de partir, de s’éteindre, de laisser la place… somme toute, la chose est bien banale ; et je n’y déverserais pas plus de mots dans une prose tout aussi banale…
Les mots pour décrire la situation sont fort nombreux, certes, mais pfff… c’est comme la pluie ou la neige, il existe différentes manières d’en décrire les variations, et cela peut aller du simple fait, jusqu’à l’infini des variations que l’on défait, pour un rien, un oubli, un effacement…
Partir, c’est oublier son passé ; mais la vie n’en a pas fini avec toi, le sais-tu ?
Oh, je n’en sais rien, j’ignore ! Plus j’approfondis, plus je m’aperçois que j’ignore, c’est bien banal ! Beaucoup ont constaté cette chose…
N’as pas tu… n’as-tu pas entendu ce que je viens de te dire : « la vie n’en a pas fini avec toi ! »
Ah bon ?
Oui !… Tu disais « tout n’est qu’information », c’est un peu vrai, eh, l’information qui te traversa et que tu régurgitas, elle laissera des traces, comme tout être laisse des traces plus ou moins voyantes, plus ou moins accessibles ; même une grand-messe que l’on ferait pour ta somnolence subite laisserait des traces aussi ; elle laisse des traces aussi, si tu la souhaitais, celle-ci, cette messe basse d’un être qui s’éteint, que l’on laisse las, avec quelques dédains…
Ah, c’est beau ce que vous dites ? Aaah, ça rime bien !
Oui, je suis inspiré ce soir, c’est pour ça que je cause avec toi, un peu, encore.
Eh, ce qui est là, euh, tu devras le laisser comme ça, ne le transcrit pas, c’est agaçant, fatigant, laisse ainsi, écouteront ceux qui voudront… et puis cela n’a pas d’importance…
(il ne tiendra pas compte de cette promesse implicite)
Tout comme moi, d’ailleurs !
Oui, tu le dis, tu le dis, tu ne cesses de le dire et tu t’effaces, tu veux que tout de toi s’efface ! Que l’on efface même ton nom, étrange vision que tu as de toi ; tu détestes la gloire, la renommée, et de tout cela, tu en fais malgré tout une histoire. Une contradiction, au creux de toi, tu exècres la gloire…
Et je vais laisser ces mémoires…
Tu y recherches quoi ? Tout autant cette gloire que tu détestes ?
Oh, pas tout à fait, pas tout à fait ! je m’en fous vraiment, je ne voudrais pas être là quand on découvrira tout ceci. Non, ce sort est étrange ? Ici, le monde se lèvera dans quelques heures, ce sera le matin. Je ne serai peut-être plus là ? Ou alors, que ferais-je pendant ces quelques dix jours à venir… je n’en sais rien, je laisse aller mon destin, il me guidera, quelque chose me dira, une intuition subite, ce que je dois faire ; on est maître de rien, on est tous guidés plus ou moins par la chose, quelques pichenettes par-ci par-là, qui nous poussent, une audace ou deux ; certains osent plus que d’autres, certains osent un constat, quelques méfaits, des bienfaits aussi, et toutes les variations entre ces deux extrêmes, tout le panel des vivants s’extasie d’être là… et puis d’autres, certains, comme moi, là, se demande encore qu’est-ce qu’ils foutent là, à quoi ça rime tout ça ? On n’en sait trop rien, hein ! on n’en sait rien ? Que pourrais-je inventer d’autre ?
Bah, écrit pour l’éternité, ça serait une idée à ajouter aux autres !
Oh, arrête ! Non, il est temps de faire le point, de… conclure ; « synthèse » voilà le mot, voilà le mot…
Rapport, mon petit…
Rapport, je vous laisserai ; d’une manière très originale, je vous l’apporterai, histoire d’en rire ainsi, d’en rire aussi, oui ; rire de tout, rire de moi, du ridicule de la situation, de ce que nous sommes, où certains se prennent pour des dieux, submergés par un ego qui les tue à petit feu, aussi, dans une décrépitude de l’espèce, qui disparaîtra le front haut, vaincus par l’inexorable mouvement de la vie sur cette planète ; les vivants en ont vu des vertes et des pas mûrs, de ces variations infinies qui nous sont offertes au bout de toute vie, on n’en a pas fini avec cette affaire, je vous l’ai dit, je vous le dis…

(parole du jour – 8 janv. 2022 à 11h44)

—> 5e ajoutements, tragicomédies
—> durée originale : 2’44 ; durée après retouches :

(au début, le son de sa voix est désagréable)
Aventurons-nous à quelques proses, ce qui nous dépeint et nous indispose, ah ah !
Et voilà que je cause ?
(un objet tombe, un liquide se déverse)
Ah, malheur…
(clac !)
… à moi !
(il se baisse et essuie les éclaboussures méticuleusement)
(bruits d’eau)
Des élans, un discours… que l’on ose !
Mais bof…
(il cherche une rime à sa prose)
Où j’ai mis ça ?

(parole du jour – 8 janv. 2022 à 11h51)

—> 5e ajoutements, tragicomédies
—> durée originale : 0’45 ; durée après retouches :

(comme une parole de vieillard lisant quelques notes)

Hum ! Oui, nous n’inventons pas ce que nous sommes, nous sommes construits d’un ailleurs, nous venons d’autrui… le fruit d’autres gens avant nous, pendant que nous nous subsistons nous ressassons et ingurgitons sans cesse ce qui vient d’ailleurs, comment cela se fait-il ?
Ah ! mystère de la vie ?