(texte manuscrit – 3 mai 2020 vers 10h)

—> troisièmement [philosophia vitae] : une symbiose ça se mérite

Image de ce matin, après le rêve la forêt est là, légèrement en surplomb, derrière quelques maisonnées, dans une brume de saison, une humidité dans l’air apporte une froideur, un léger vent et le silence de ma voix ; j’observe et je me laisse envahir par ce don d’ubiquité qu’ont les êtres sans nom, parce qu’invisibles à nos yeux, tant ils sont nombreux, un rien les portent et les déportent. Leur sort est connu, ils sont en nous, partout, parfois d’ailleurs ils rendent fou, ou certains tombent malades d’entre nous, à cause d’un excès d’eux ; un vent de pacotille les aurait poussés peu à peu vers nous, à cause d’un désordre, une maladresse, un « n’a pas compris » cet ordonnancement du monde invisible ; les pantins que nous sommes, nous avons balayé là où l’on ne devait pas, cela provoqua une symbiose dépareillée qu’il faut maintenant réparer. Mais à ça, nous ne savons pas quoi en faire, quoi y remettre à sa place, pour recombiner la symbiose dite. Notre temporalité est maudite sur ce plan-là, une symbiose ça se mérite et nécessite quelques millénaires pour s’instaurer. La moindre météorite peut tout bousculer. Le temps a du mérite ! Voilà, la forêt a cessé l’apport des mots qu’elle me dicte, au loin d’où je la vois, ça ne vient plus, le contact est interrompu…

(texte manuscrit – 10 mai 2020 à 20h50)

—> troisièmement [philosophia vitae] : la prouve de soi

J’atteste, j’atteste…
de mon déplacement, physiquement, c’est bien moi, le déplacer ! Le papier le prouve mon déplacement autorisé savamment ! Une fourmi n’aurait pas cette audace d’attester ainsi un pareil mouvement de son corps « biologique » comme il se doit ! Évidemment !
J’atteste, j’atteste…
de mon isolement, sur le document, cela est écrit assidûment, il y est dit : « isoler » par conditionnement ! La preuve de cette contrainte est dedans !
J’atteste, j’atteste… (avec la « prouve » de moi)
sur le papier, par ci-devant vous, à sa présentation fortuite ou réclamée autoritairement (par une autorité contractuelle évidemment) ; au-dedans, s’y trouve « l’approuve » de moi, que j’existe effectivement, c’est moi ! Au-dedans comme si c’était moi « physiquement », tous les indices de « l’approuve » de moi : le patronyme, le lieu, la date, de mon apparition, où naquit un corps physique, « biologiquement » identifié comme étant l’expression matérielle de ma personne durement tamponnée dans les registres afférents (de mon moi à moi) ! Et puis quelques autrement indiqués savamment : situation, couleur et particularité diverse de la forme de moi ; tout cela pour que « l’approuve » de soi devienne une réalité ! Mais avant, qu’étais-je donc ?
Est-ce donc sans ces artifices paperassiers que je n’existe pas ? Je ne peux persister en ce bas monde qu’avec « l’approuve » de moi ? Comme c’est étrange ? Une abeille a-t-elle un pareil arsenal documentaire trimbalé avec elle dans ses déplacements, il semblerait bien que non ?
J’atteste, j’atteste…
papelards identitaires, passeports, tickets, billets, formulaires, tout un arsenal, ah, c’est déjà pas mal ! En faudrait-il plus ? Comme de nous relier à un central bureaucratique attestant en permanence de « l’approuve » de soi. Est-ce cela, ce que l’on dit « être relié » au monde ? Pour infiniment mieux me contrôler ? Mais pourquoi tout cela ? A-t-on peur que je mente, que je ne sois pas vraiment moi ? Que je ne sois pas celui que je prétends être, que je triche ? Est-ce un manque de confiance au gré des ans, de plus en plus précaires, à sans cesse devoir prouver « l’approuve » de moi ? Et si je ne le pouvais pas, certifié de ma réalité, je n’existerais pas, alors ? Moi bête, ne pas comprendre cet acharnement insistant d’une « approuve » de soi ? Mon animalité est-elle si primaire, de ne pas saisir l’opportunité d’enfin pouvoir exprimer plus que de raison « l’approuve » de moi ? Ce monde me semble de plus en plus étrange, que fais-je là ? Est-ce bien d’être là ?
J’atteste, j’atteste… mais de quoi ?

(ajout du 22 juin 2020 à 0h10)
Les « approuves » de soi (et les paperasseries qui vont avec) ne seraient que des arnaques de l’esprit, pour aider à une adaptation du moral, son formatage, pour que vous agissiez d’une certaine manière, l’on vous conditionne avec un leurre minable (elle vient d’où l’idée de ce leurre ?). Une junte technocratique considère le peuple comme du bétail facile à manipuler… La paperasserie stipulant votre identité amène au même défi, le bétail doit être estampillé pour être mieux contrôlé. Pour qui se prennent-ils ces gens-là, pour désirer tant me tatouer, me tamponner, d’une identité pas forcément désirée, si ce n’est pour me conditionner, pouvoir un jour me houspiller et m’enfermer ? Le nombre sans cesse plus grand de ces holobiontes hominidéens pousse probablement les meneurs du moment (les chefs du clan, de l’espèce) à agir de la sorte, comme si un code génétique débile dégénéré vous embrigadait malgré soi, il ferait perdre la tête et le reste : que la bête meure et que plus aucun ne reste ! La vie mène une réforme en grand ! Par tous ses devants, elle nous traine par le bout de nez, regardez-les s’agiter, en grand ! La bête apprend à se domestiquer elle-même… pourquoi donc ?

(voir sur France Culture du 21 juin 2020 à 12h45, émission : Signes des temps, « Le nudge et le comportementalisme »
La théorie du nudge (coup de pouce en anglais) ou comment inciter sans en avoir l’air…
Le nudge (coup de pouce en anglais) est un outil d’économie dite “comportementale” qui utilise les données neurologiques et psychologiques pour inciter à adopter des comportements plus rationnels

On l’a appris par une enquête du Point, parue le 4 juin dernier : pour gérer le comportement de la population pendant et depuis le confinement, les gouvernements anglais et français ont fait appel à des unités spéciales, des “nudges units”, des cellules spécialisées dans la mise au point des nudges. Les nudges, littéralement, ce sont de petits coups de pouce mentaux qui nous influencent sans que nous en ayons conscience.
Ces objets conceptuels sont nés dans les années 80 du croisement entre l’économie, l’information et les études comportementalistes. Plus subtiles et différentes que la simple publicité, ils sont censés nous faire agir pour notre bien. Leurs promoteurs les présentent comme une révolution scientifique visant à rectifier la manière dont nous prenons nos décisions. Nous croyons agir rationnellement, mais non. En fait, nous sommes conditionnés par des préjugés. Il faut donc nous reconditionner pour nous faire agir mieux dans le sens de notre intérêt et dans le sens de l’intérêt général.
Cette théorie rencontre un tel succès chez les décideurs industriels et politiques, aujourd’hui, que les nudges sont en train d’envahir notre vie sociale et culturelle de manière invisible. Elle est aujourd’hui défendue par cinq au moins des quinze derniers prix Nobel d’économie. Les plateformes, telles Facebook et Google, se jettent dessus, tandis qu’un nombre croissant d’Etats s’y intéresse. La révolution technologique, la crise générale de la représentation politique et l’épidémie de Covid, la font apparaître comme la solution idéale à la gouvernance de crise. Et comme le monde n’est plus que crise, la question se pose : les techniques de guidage des individus sont-elles appelées à remplacer la démocratie ?

(texte manuscrit – 11 mai 2020 au matin)

—> troisièmement [philosophia vitae] :

« Assis sur le capot arrière d’un corbillard, il tintinnabulait comme la cloche d’un office en mouvement, il ne manquait que l’encensoir pour achever la cérémonie sur un ton illusoire, il était seul, invisible à toute mémoire, à toute envie que l’on ne pouvait voir ; c’était cela sa manière de manigancer toute son histoire. »

(qui est-il, le microbe du coin, l’insecte nécrophage, le visiteur d’un soir, la banale agitation d’un cycle dérisoire ou trop commun, que beaucoup n’osent voir ?)

(texte manuscrit – 12 mai 2020 à 11h30)

—> quatrièmement [du robote à la chose] : tracasseries administratives

À placer un robote là où vous estimez votre tâche rébarbative et illusoire, celle des tracasseries administratives d’une paperasserie comme jamais, où les soucis d’identité, de droit, d’interdits, de conflits, sont régis par une réglementation, des actes, des édits, des lois, sans cesse à remanier parce qu’obsolètes au moindre mouvement du monde, cette « mondialisation » à outrance. De céder à la monétisation de tout dans une norme imaginaire d’où ne peut se satisfaire l’animalité biologique que nous sommes toujours et de mettre tout cela au seul profit de quelques-uns, ceux ayant le privilège d’employer, financer, commander, une multitude de sous-fifres, petit chef ou larbin de tous ordres nous égarent. L’ennui qu’éprouve le moindre quidam pour remplir le moindre formulaire maintenant « électronisé » pour toutes les choses de la vie courante, tâche rébarbative du paiement de ses impôts, de ses demandes administratives pour construire, détruire, réparer une maison son habitat ou son gîte, la machine roulante de ces usages courants, automobiles, etc., etc.
De tout réglementer appauvrit l’âme alors que la plupart du temps (comme au temps ancien), un simple « bon sens » aurait suffi, dorénavant chacun s’abrite derrière une « loi », une réglementation, un acte juridique ou tout ordonnancement de l’esprit, l’encombrant de procédures le plus souvent pénibles. L’accord, l’entente, le partage ne suffit plus, l’entente de gré à gré, de personne à personne, d’animal à animal, d’hominidés à hominidés, n’a plus aucune valeur, cela devient ce qu’on appelle le droit, de loi à loi, d’actes à acte ; chacun s’abrite derrière des réglementations sans cesse plus compliquées (ou rien n’est véritablement fait pour simplifier), un embrouillamini de conditions arbitraires devient un enfer dans la vie ordinaire. Cela a remplacé une bonne entente, une parole donnée, par un « robote » ordonnateur calculant vos droits et vos recours selon des algorithmes des règles ou des lois, hier un interdit, une tradition, une religiosité. La religion est devenue administrative, le fonctionnaire est le larbin des formulaires, le collecteur de ces formulaires à valider ou tamponner, à renvoyer valider ou refuser s’il n’est pas rempli dans les règles de l’art « bureaucratique » !
L’énergie censée être économisée dans ses réglementations invasives ne l’est pas du tout pour le simple citoyen, il larbine déjà pour ceux n’ayant pas à remplir dans leur vie l’usage de ces formulaires, ces derniers payent les citoyens ordinaires là pour effectuer cette tâche à leur place. L’outrance d’un pouvoir monétaire, du plus riche, du technocrate « supérieur », une bourgeoisie paperassière qui vous endort dans le remplissage de ces formulaires envahissants pour vous occuper à ne pas descendre dans la rue manifester tant et plus…
Cette énergie superflue dépensée là en de futiles travaux bureaucratiques n’amène rien de bon. Une simplification administrative entraîne bien souvent un regain de tâches pour le moindre « administré » que nous sommes. Il y a quelque chose qui « cloche » et ils ne savent pas plus pourquoi.

(texte manuscrit – 14 mai 2020 vers 0h50)

—> troisièmement [philosophia vitae] : paroles rebelles, contestation

(paroles de l’anarchiste du coin)
Sans trop me tromper, je puis affirmer que les trois quarts de l’humanité endurent une vie de « merde », la majorité des autres ont une vie insignifiante et sans intérêt à défaut d’être merdiques. Ne reste qu’une infime partie, menant une vie de charognards, de prédateurs, exploitant les individus de leur propre espèce. Peut-être, dix pour cent ont une vie acceptable, et encore je me trouve là bien optimiste, ils font comme ils peuvent la plupart du temps. Seule une infime minorité pourrit la vie à l’immense majorité. Ils charognent, ils jettent leur dévolu sur quelques proies et les dépècent tels des aigles. Mais ils ne sont pas des aigles, ils ont la peste, une peste au-dedans de leur esprit. Eh, cette peste va les perdre dans des méandres, des méandres…
(ne sachant plus quoi dire, il se tait…)