(texte manuscrit – 25 févr. 2022, vers 13h30)

 [philosophia vitae] [récit] gène, genèse, gêne…

(gène de la mémoire, gène codant de l’écriture, gène récalcitrant…)

Un vieux singe se penche et ramasse difficilement des documents tombés à terre, une jeune humaine voyant la peine, s’approche et l’aide à les récupérer. En déchiffrant les inscriptions bien en vue des écrits, elle lui demande « qui a réalisé ces ouvrages ? », et lui, de répondre :

« Oh, un eucaryote bilatérien, un holobionte mammifèrant, un singe comme nous, un deux-pattes, un scribe en quelque sorte (esclave de son gène, ce qui ne le gêne guère d’ailleurs)… il n’a fait que mettre ce qu’un mécanisme invisible lui a dit de mettre (et il a obéi à cet instinct sans trop se poser de questions), il existe un gène (ou une suite de gènes, d’instructions, quelques gènes codants)… »

(elle sourit, cela l’émeut et interrompt son charabia, il réplique aussitôt…)

« (oh, les belles dents ?)… euh, rompu à cette tâche, le vivant concerné n’a fait que reproduire cette demande dans les faits, dans les actes (comme une multitude d’autres l’ont déjà effectuée, et encore maintenant, toujours), ce remplissage de milliers de pages, de varier (sans cesse) le propos, la mise en mémoire, constamment, c’est une fonction de vivants ; cet apanage-là obéit à un processus sans âge se reproduisant d’une entité à une autre, c’est pour cela que dans celui-ci particulièrement, il n’y a pas de nom à y ajouter ; sinon d’identifier le gène ou sa suite, l’algorithme concerné, peut-être lui donneriez-vous un nom ? Ce ne serait pas forcément utile, de… d’apposer des noms à chacune des fonctions du vivant (celles en vous, et en dehors de vous) ; ce répertoire serait bien grand et sans cesse mouvant, en perpétuel changement, en grand, vous voyez ? »

Constatant qu’elle était intriguée par ce verbiage, il lui cède une partie des ouvrages, cinq volumes particulièrement. Étonnée, elle remercie et demande :

« c’est vous, ce scribe dont vous me parliez ? ».

À travers un sourire, iel, malicieusement ajoute, la voix, sonorité sortant de la bouche du vieux singe :

« non, pas particulièrement ; c’est comme je vous le précisais à l’instant, ces mémoires ne sont que le ramassis de paroles fort nombreuses venues de progénitures hétérogènes… elles sont en vous, en moi, il n’y a qu’un auteur, c’est lui, le vivant, en nous ! »