(parole en marchant – 10 mars 2017 à 19h09)

—> 1. « İl », peregrinatio, livre 4 : 150. [af s o] (étude onirique de l’amour et du sexe), sexe libéré

(version)

– J’ai vu sur les écrans des robotes ordonnateurs (téléviseurs), des scènes transfigurées où les hommes s’adonnaient à des gestuelles où le sexe s’avérait prépondérant ; dans les inventions incroyables, dans l’acte et des mouvements, prenaient des pauses considérables, dans l’action et le balancement… je sais plus ce que je voulais dire ?
– Que cherchiez-vous à dire, monsieur ? À quoi désiriez-vous en venir ?
– Ben ! j’essayais de trouver une argutie, pour critiquer l’émergence de (devant) ces boîtes à images (plates) ; ces plaques où l’on voit s’animer ce que vous appelez des vidéogrammes, des reflets de nos vies, des scènes d’accouplement de toutes sortes avec beaucoup d’inventions ; dans tous ces détournements, vous trouverez toujours, au bout, une domination, une jouissance exacerbée à n’en plus finir, d’un ego incommensurable, où je m’y perdais ; un émoi qui, pour moi, devenait de moins en moins admirable, j’en étais tout dépourvu, tout amoindri, moi qui ne voyais que cet acte assez anodin, assez sommaire, si peu prédominant, à côté du reste, des véritables sentiments, de ce que j’appellerai plutôt une certaine compassion envers son prochain, ne pas maintenir de détestations surtout, ne pas haïr, essayer de comprendre et d’apprendre ; j’y trouvais là plus d’importance que de m’accoupler, et d’aboutir à cette jouissance somme toute banale de l’instinct tout bête et si commun ; cet entendement à agir de sorte que les partenaires exultent l’un de l’autre (dans tous les sens que vous désirez), je n’y voyais, dans ces mouvements de chair et d’enlacement, que des gestuelles un peu obsédées, d’une conception où l’être ne peut que s’accomplir dans cela, comme si c’était important ; cela devient dorénavant un business, un entre-soi monomaniaque, qui… comme une sorte de drogue ! (proust !) Une accoutumance dont on ne peut se défaire…
– Ah ! vous voyez les choses ainsi ?
– Oui ! En fait, tout cela m’indiffère, je ne m’y retrouve pas… je ne conçois pas que l’on puisse aimer correctement de la sorte ?
– Bon, c’est que vous n’avez jamais enfanté !
– Ah ! voilà la question, je m’attendais bien à ce qu’on me la remette sur le tapis… Eh bien non ! je n’ai pas de ces envies-là, nous sommes suffisamment nombreux sur cette planète, pour ne pas y ajouter ma petite graine ; je ne pense pas que ce serait bénéfique à l’espèce. D’une certaine façon, j’apparais dégénéré au sens même de la vie puisque je ne participe pas à sa perpétuation ni à sa réplication, à sa reproduction, en cela je ne respecte pas ce que l’instinct me dicte, c’est mon choix, tout en demeurant un être vivant, une portion congrue de son règne, mon orientation semble toute différente ! J’explore de nouveaux possibles, mais celui-là, les choses des enlacements des corps à n’en plus finir où l’on ne cesse de jouir ne m’apportent décidément aucun plaisir…
– Tiens donc ? Même une petite, euh… (il mime un geste obscène)
– Même une petite, quoi ?… Ah ! bof… Non vraiment, j’ai beau faire des efforts, depuis ma plus tendre enfance j’ai toujours regardé cela d’un œil circonspect et je me suis régulièrement interrogé avec d’étranges questions ; je m’apercevais que j’étais le seul à me les poser d’ailleurs ; et que… décidément non, ce n’est pas là où la vie peut avoir un attrait, si l’on ne cherche pas à perpétuer l’espèce, mais comme on ne cesse de me répéter quand on est né d’un songe ou d’un geste, notre fonction ne se trouve pas dans ce rôle-là, mais dans des inventions différentes, dans d’autres pérégrinations ; c’est cela, mon sort, et je dois faire avec !