(parole en marchant - janv. 1983)

—> 5. « ajoutements », récits antérieurs, primitifs, oubliés : 
—> ajouté dans 1. « İl », peregrinatio, livre 4 : 161. aéroplanes (ou désolation d’un lieu)

(récit original)

Je me suis demandé pourquoi… la nature était si belle en dehors des hommes… Remarquez c’était une idée… de se poser cette question… il y a des jours (où) on se pose des questions tellement futiles tellement bêtes, comme quelle heure est-il… ou autre chose d’aussi banal qu’on se demande qu’est-ce qu’on pourrait dire d’autres…

Là voyez-vous, je suis en plein cœur d’A… dans un endroit, dans une plantation faite de… d’arbres à palme, de palmiers, je ne sais trop quoi ? D’arbre à huile… y’a beaucoup de vent et la vie s’y écoule au rythme des… des récoltes de palme… l’endroit est… n’a rien de plaisant vraiment… rien n’y est d’ailleurs plaisant… pourquoi d’ailleurs ce serait plaisant d’être ici… je vous le demande…

Un peu plus loin, la nature est vraiment désolée… c’est curieux, je suis devant s’un arbre abattu, un arbre abattu… quelques cris d’oiseaux encore… quelques branchages… de la vie en somme abattu par les hommes, des mouches de moustiques, nous sommes dans un pays d’A… je me retourne, autour de moi il n’y a rien… rien de spécial… des fourmis par terre, petites grandes de toutes les formes, de toutes les sortes… c’est un monde bizarre avec beaucoup de vent avec plein d’chaleur… je ne sais pas si vous ch… sentez la chaleur, moi j’la sens, trente degrés, hum centigrades, hum, c’est déjà pas mal…
on va essayer de descendre un peu plus loin…

Quelques mètres plus loin, le monde n’est pas mieux… la vie est bizarre… hein… quelques oiseaux, des bruits de mouches… et guère mieux en somme, un monde exploité par les hommes… un rapace en l’air qui cherche une proie… il croit que j’en suis une, mais il voit bien que je suis trop gros et s’évade… dans l’air, il me semble… il me semble qu’il est… qu’il est un peu libre, mais en fait, il est astreint à vivre, alors !…
Peut-être, si on allait plus loin, ça serait mieux, plus intéressant ? Je ne sais pas…

Que pouvons-nous faire en somme d’autre, de voir ce pays qui traîne, ces lambeaux, sa vie, ainsi fichue, dans le monde, pétri, pétri par les hommes, qui crient dans les plantations… je ne sais pas, je n’ai jamais su et peut-être ne saurais-je jamais… nous sommes en nature, en somme dans le monde des hommes… un rapace au loin cherche sa proie…

L’air se fait rare et j’entends un bruit, un bruit de moteur à explosion qui vole dans les airs, en somme un avion… oui nous sommes près d’un… d’une petite bande de terres, de terre rase… qui sert à l’atterrissage… de quelques avions, quelques avions, de basse puissance et pas très grand en somme… l’avion semble s’approcher de la piste pour atterrir… je m’approche aussi de la piste, ouais, c’est intéressant, un avion qui plane, qui plane et qui avance dans l’air…

La chaleur m’inonde, mais pourtant, pourtant j’avance… et les hommes avec leurs aéroplanes, avance avance dans l’air…
le vent m’inonde et c’est bien, ça rafraîchit l’idée et le crâne… et cet avion je le vois encore qui s’avance et qui plane… un rapace un oiseau en l’aire plane aussi, à la recherche de sa proie… par terre, le sol est rasé, rasé, brûlé par le feu de brousse annuelle, tout le temps périodiquement les (gens) noirs de l’Afrique rasent et enflamment ses herbes qui gênent…

Près de la piste… je vois… un avion qui plane et qui semble, qui semble vouloir en fait atterrir… il y en a plusieurs, ils sont (en) nombre (sur le sol), nombreux qui viennent et atterrissent sur la plaine rase, rase faite pour quelques aéroplanes…

La Terre des hommes, ah !… Nous sommes, remarquez en A…, et en A…, il y a beaucoup de choses comme ça qui avance dans l’air, les hommes blancs, blancs ! car ils sont blancs savez-vous… ils sont différemment faits… j’entends, mais ouais donc que cette piste, cette piste qu’ils disent, cette bande plane et rase, qu’ils servent ou qu’ils s’en servent pour faire atterrir leurs aéroplanes…

J’ai pris la route… et sur la route, oh chouettes ! sur la route faite par les hommes, elle va, elle va vers la piste, cette aire plane ou atterrissent leurs aéroplanes… c’est chouette, c’est chouette…

Oh, voyez, y’a beaucoup de rapaces, y’a beaucoup de rapaces… en pleine chasse, et que le vent…

(un bruit d’avion interrompt la parole)

Sur une piste rase et plane, où atterrissent les aéroplanes…

(atterrissage d’avions)