(texte manuscrit - mi 2017)

—> ce crie, n’est pas le sien, mais celui d’une autre, qui par sa faute, éprouva une souffrance après son geste…

Ah ! Aurais-je oublié de naître ? Que voulez-vous dire ? De naître comme il se doit ! Comment ça ? Qu’est-ce qui se doit ? D’éclore comme cela ! Ah ! Tiens donc quelle curieuse façon de sortir ? Comment auriez-vous désiré apparaître ? En paix ! Vous étiez en guerre ? Pas du tout ! Mais ma mise au monde ce fut un arrachement et non une tendresse, c’est cela la différence, j’aurais aimé arriver convenablement et pas dans la tourmente d’une femme aux abois. C’est cela la nuance ! J’aurais dû voir le jour sereinement, c’est ce que je raconte, alors je naquis d’un cri ! Illusoire, il fut, cela se comprend, mais tout de même, cela put se passer autrement. Vous vous souvenez de cet instant ? Pas vraiment, mais toute mon existence s’en ressent, ce moment-là ne s’avéra pas décent ni souhaitable. On ne naît pas d’un cri, mais d’une envie, celle de sortir d’un ventre parce que c’est la vie. Ce braillement m’apporta une première terreur, il faut que cela soit dit ! Vous avez en mémoire cet évènement-là alors ? Peut-être bien, mais cette mémoire-là me reste imperceptiblement, sensitive, nous n’en gardons pas d’images ; mais une émotion forte, cela aurait pu être autrement vécu, dans une paix propice, c’est subtil, mon propos vous semble imbécile et pourtant nous pourrions éviter bien des embarras si cet instant pouvait passer sans douleur, mais probablement cela ne se peut pas forcément, quitte à naître on ne choisit pas toujours le moment opportun et puis vous rencontrerez tellement d’impondérables. Je le redis, venir au jour sereinement ce serait la meilleure des convenances, moi je suis apparu comme j’ai pu et l’apaisement ne devint pas mon lot.