un matin à mon réveil
(parole du matin - 22 déc. 2016 à 09h01)

Un matin, à mon réveil, mon cerveau sans discontinuer, essayait d’ouvrir cette mémoire morte qui demeurait dans le disque mécanique de mon robote ordonnateur, qui lui était éteint, en sommeil ; dès le déclenchement de cet éveil, il ne cessait de retrouver le chemin des éléments accumulés dans sa structure endormie ; il recherchait les noms, les noms des documents, il commença par reprendre les plus anciens, ceux que j’avais dictés au début en laissant à la machine ensuite le soin de les stocker ; puis peu à peu, il remonta le cours de l’histoire des récits, il retrouvait les nouveaux noms, leurs ordonnancements, les derniers agencements (revenait à ma mémoire la liste de ces mots, accumulés au fil du temps, je les voyais défilés), il tentait inlassablement une ouverture des bons documents ; mais elle ne s’accomplissait pas, elle bloquait toujours, une communication n’obtempérait pas, ne se produisait pas, il cherchait dans ma mémoire, dans ses registres, au mauvais endroit et les pages pourtant enregistrées temporairement jadis revenaient peu à peu ; il reconstruisait et recombinait tout, à partir de toutes les bribes de mémoire ordonnées naguère, point par point, virgule après virgule ; il recomposait malgré tout, le mécanisme ne voulait pas s’interrompre, à chaque pause dans mon demi-sommeil, il refaisait sans relâche cette ouverture, qui ne se pouvait finalement pas…

Alors je me dis
(parole du matin - 22 déc. 2016 à 09h06)

Alors je me dis « est-ce cela l’éveil ? », quel banal attrait, avec sa drôle de façon de mettre, de s’obstiner à recombiner sans cesse le monde et lui ajouter des manières ; puis l’augmenter des possibles, en explorant même les infaisables, encombrés des trajectoires continuellement transitoires, dans sa mémoire indélébile ; à moins qu’on la casse, à moins qu’on la surpasse, outrepasse, je ne sais… je me suis écrié à nouveau « Est-ce vraiment cela, le naturel éveil ? » Il reste là évanescent bien tranquille, puis ajoute à son essor : « je viens juste de quitter mon repos », me dit-il, après ma coutumière dormance, je me suis repris « est-ce donc cela la véritable sortie de mon sommeil ? », drôle de manière de se joindre à mon matinal réveil ; aux agitations fraiches de mon corps encore embrumé de quelques songes mourants, je me suis dit, « est-ce alors cela l’authentique éveil ? Pourquoi ce vide, ce néant, l’appelez-vous révélation ? » Certes à l’aube, embrase le jour nouveau avec des lumières, selon qu’il fasse beau ou froid, nuageux ou pas, avec brume ou ciel bleu ; « c’est cela l’illumination de mon éveil ? »

Pendant ce processus du réveil
(parole du matin - 22 déc. 2016 à 09h13)

Et pendant ce processus du réveil, mon cerveau qui s’essayait à rouvrir ses mémoires mortes de mon disque endormi, lui ne cessait d’en retrouver la racine ; oui, il recherchait une origine, le premier fils du point de départ, pour s’y raccorder, où il pourra s’y connecter et remonter de la source jusqu’aux idées finales entreposées, alors inlassablement, il essayait, refaisait, tentait, tentait, avec de nouvelles dispositions tout le temps, tout le temps ; un rêve répétitif qui butait sans cesse ; aurais-je dû allumer l’ordinateur la machine ordinatrice à ce moment-là, pour qu’il illumine sa mémoire rendormie ; peut-être, mon esprit aurait pu, par on ne sait quelle honte magnifique, solliciter cette mémoire extériorisée, encodée à la manière des hommes et faits de bits, monde binaire à zéro ou un, de présence ou de manquement, alternés sans cesse ; peut-être que mon cerveau connaissait instinctivement tout cela, et que moi, je ne faisais qu’obtempérer avec mon éveil, où ne laisser submerger, dans mon entendement, que quelques bribes à surnager dans cette parcelle de savoir qui emmagasinait continuellement.

un éveil de plus
(parole du matin - 22 déc. 2016 à 09h19)

La vie s’est emparée de moi et m’a donné un éveil de plus, elle me submerge, et je ne comprends plus ; comme un esclave je note, je note, obtempère, car ne pouvant faire autrement ; elle s’est accrochée à moi et elle m’apporte ce nouvel éveil, un embarrassement de plus, un accaparement incessants et continu, je ne demeure plus maître de rien, sinon de raconter ce que je vous dis en ce moment même, je ne sais si elle veut bien finalement et me laisse écrire et préciser tout ceci, pour un bon entendement ; la vie m’a accaparé et il lui importe donc, cet éveil-là, à l’aube, qu’il soit venu de mon sommeil, quoi de plus banal, et je n’y vois là rien d’extraordinaire, à ce réveil soudain, il ne représente que la fin de mon repos ; une matinale commence, d’un rien routinier, où naît une vilaine activité qui ne cesse d’entasser, saturer, derrière les portes de l’entrepôt, ma mémoire immédiate, et laisse glisser à celles plus lointaines, là où l’on stocke les réminiscences des souvenirs anciens. Qu’il s’avère drôle cet éveil-ci, ce matin-là pourtant… Oh ! ma pensée s’arrête et le vide me tient, j’entends toujours une petite musique dans ce gîte incertain, où ne cessent de s’accumuler des mots, des mots, des mots… ils s’entassent par je ne sais quelle grâce ?

mémoire absente
(parole du matin - 22 déc. 2016 à 09h27)

(version)

Oui, ma pensée, depuis mon éveil, ne cesse de refaire le chemin vers cette mémoire absente qui sommeille à côté de moi, dans une continuité obstinée, elle tente maint accès sans succès ; peut-être que si j’allumais la machine ordinatrice, elle irait de ce pas, par mon geste, par instinct, là où elle veut, je ne sais, essayons…