(texte (??) - 7 déc. 2016 à 22h12)
Tout cela semble bien divertissant à décrire, le terme reste plaisant, certes, c’est que je vous mens !
Amusant à décrire, le terme reste plaisant !
— Vous disiez de vos méandres qu’ils paraissaient burlesques à dépeindre pour alimenter quelques traits dans la littérature.
— Que mes tourments apparaitraient comme des actes créateurs ? Vaine ironie d’une prétention sans saveur…
— Amusant ? Je n’emploierai pas forcément ce mot ni n’en élaborerai une villégiature, de tous les aspects qu’elle appréhende, ma torture s’avère métaphysique ; elle observe le monde et inspecte ma carcasse et en décrit tous les désastres, le beau comme le mauvais, elle ne trie pas ce qui semblerait bon ou vain pour mon écriture et ce que j’y mettrai au nom de « votre littérature ». Elle exalte ce que j’y déniche, m’en abreuve en l’observant sous tous ses angles. Elle se fout d’une quelconque notoriété artistique ni du plus bel effet qu’elle donnerait à dire toute la vérité. Vous savez ! Décortiquez un seul homme et vous y trouverez tout l’essentiel de ce qu’ils représentent, tout y est inscrit, dans la plus petite parcelle de ce qui le construit ; ce n’est qu’un problème d’instrumentation, reste à concevoir les bons outils pour cette tâche narquoise et ingrate ; peu m’importe qu’elle exalte la peste ou injurie votre sourde pensée, ni des philosophes, ni des poètes, ni des écrivains, en fait je n’entends leur quémander aucune quelconque place ou insister pour qu’ils s’écartent un peu pour ma carcasse ni ne désire la laisser croupir auprès d’eux. Vous vous méprenez fortement, je ne rédige que mon testament.
Quand je vois toutes les manières que vous me faites subir pour un octroi, un simple petit vœu, je ne me sens décidément d’aucun bord et ne désire occuper nulle citadelle ; je ne prétends rien, seulement des râles qui agitent ma caboche, avant, que j’en suis persuadé, un de vous la fera taire, de cela je ne m’illusionne guère.
À tout sentiment, ses orgueils, de la place qu’il accapare et parfois débordent pour défrayer la chronique, de la presse des matins frais. Oui, nous ne sommes jamais satisfaits du moindre sort, à toujours vouloir en désirer plus, comme d’une prison l’on s’évade pour une autre, aux murs divergents, peut-être un peu plus grands, enfin où tout y apparait différent ; mais quand même, une geôle aussi, une toute nouvelle qui lassera bien, dans un prochain jour comme ce le fut pour la précédente. De tout cela, on s’illusionne bien trop, et quelques-uns, je le constate, apprécient certains endroits indécemment…
Vous dites que l’on doit penser aux lecteurs, le flatter, le séduire, l’exalter, ne pas l’ennuyer, ne rester que dans des humaines perspectives ; vous vous engluez au bord du lac, j’en considère maintenant tout le contraire. Laissez donc parler l’instinct à votre place, votre intuition maladive ; de toute façon, à travers vous, ce n’est plus vous qui vous exprimez, c’est un méandre de savant fou que la vie insinue et vous ingurgite frauduleusement, sous prétexte qu’il y a dans vos gènes des gènes qui la gênent et elle déteste ça ! Alors, elle casse et modifie sans cesse ce qu’elle engendre, elle refait sans relâche ; et vous, au creux de tout cela, ne surnager que parce qu’elle le veut bien, c’est sournois ! Je sais très bien que cette perspective ne vous enchante guère et a priori suscite un râle très délétère auprès de l’éditeur, en mal d’une ressource pécuniaire, mais où voyez-vous un propriétaire ? Les mots n’appartiennent à personne, ils ne possèdent que l’histoire de ce qu’ils représentent et parfois elle s’avère longue et à d’autres moments, ne dure que le temps d’une mode ; une mixture sans attrait pour ma débauche et mon trait, il reste sec et rapide comme un fouet ; mes mots, je les dilapide ! N’éprouver aucune frayeur, ce ne sont que des sensations humaines que je décris ici et précédemment expérimentées, en regardant çà et là, et très souvent ce qui venait au tréfonds de moi, la substance qui s’égrène tout au long de mes pas. De la littérature, certes je m’en balance, vous en garderez ce que vous voudrez de mes éraflures, même si parfois elles en ont de l’élégance, ce n’est qu’un critère qui flatte mon esprit d’une bonne sonorité ; quand ces mots, je les lance, une musique me vient ; j’aurais tant aimé devenir un de ces grands compositeurs ; les notes n’ont pas besoin d’être traduites, c’est un langage universel de l’affect, peut-être une intonation, une tonalité, une perception, tout ce qui au fond de nous ne peut se comprendre ni s’appréhender totalement, certains y ajouteront du divin là-dedans, décidément non ! Ce n’est qu’une manigance de la vie qui joue de son petit mystère pour ne pas nous vexer au cas où nous nous mettrions à comprendre tout. Heureusement, le secret est bien gardé, la subtile essence n’est pas encore déflorée, il ne faudrait pas que les hommes deviennent de vrais dieux, de véritables savants créateurs, ils rivaliseraient avec le règne du vivant. Ah ! je ris ! Ce n’est qu’un leurre, la vie nous laisse de quoi croire, de toute façon elle nous a conçus comme cela ; et si l’un d’entre nous, comme moi, en ce moment, se met à rouspéter un peu, au sujet de cette intrigue, qui parfois m’exaspère tant, j’y vois trop souvent de mes congénères s’y perdre dans des circonvolutions imaginaires, s’ils comprenaient qu’ils sont leur propre dupe, fomentée, par qui vous savez. Je ne vais pas tout de même toujours la nommer, cette sale garce ! Oh ! vous trouverez bien, devrais-je vous laisser un croquis ; à moi aussi sans cesse elle me berne étant donné que c’est son dessin, pour outrepasser, vous voyez bien… Alors, de la mienne, de littérature, vous pouvez n’y garder que « rature », cela ne me gêne pas, puisque je vous le répète enfin, ceci est mon testament.
Inspiré aujourd’hui.