(à 19h54) venir prendre un pot chez moi
—> 2. « petit chemin » :
À l’arbre
— Oui, c’est sympa de le proposer, mais… je ne pense pas que ça soit une bonne idée de venir prendre un pot chez moi ! Euh, cela mettrait en péril ma maison et va quelque peu la tourmenter, et puis tu ne tiendrais pas au bord de la table ; tu risquerais de tout casser et je n’ai pas les moyens de réparer ; cela représenterait beaucoup de frais que je ne peux acquérir. Mais c’est sympa d’y avoir pensé ! On devrait en reparler et trouver une autre manière… Bon ! Il reste certain que si tu mets quelques ans, voire des siècles à te déplacer, euh… de gland en gland, euh… l’arrivée risque de se produire au moment où je meurs ou que je sois déjà décédé ; comprends-tu ? Il vaut mieux que je vienne te voir, cela est plus simple, crois-moi ! Si tu devais douter, cette affirmation-là s’avère peut-être souhaitable, mais je te l’avoue tout net, c’est sympa d’y avoir pensé !
(à 19h55)
À son frère
— Et toi, que me dis-tu ? Je t’ausculte… tu vas bien ?… Oui, bien ! moi aussi… Ah ! tu fais la gueule ?… Ah ! ben évidemment, je viens toujours de ce côté-là, donc je salue d’abord ton frère et puis toi après… Je te le promets, si j’arrive de l’autre bord, je te donnais mon bonjour avant ! tu es satisfait ? Je vois que tu sembles content, merci !… Ah non ! si vous vous déplaciez tous les deux, c’est encore moins possible, euh ! la maison sera véritablement cassée en deux… non ! il vaut mieux que je vous rende visite, je vous l’assure, c’est préférable ainsi, mais c’est gentil d’y avoir pensé, merci !
(à 20h03) le basculement du jour vers la nuit
—> (version sans ponctuation)
Le basculement du jour vers la nuit et non l’inverse parce que c’est celui-là que je connais le mieux ordinairement mes promenades se font à ce moment-là pendant quelques minutes il y a une intensité variable selon l’épaisseur des nuages qu’il y en est ou qu’il n’y en est d’ailleurs pas selon l’air du temps une coloration très particulière se fait dans les bois ou une certaine lueur jaunâtre s’amplifie jusqu’à s’éteindre très vite où on voit un chavirement qui d’un côté avant était le jour et s’en va vers ce qui va devenir la nuit et ce petit moment est souvent magique et vous remarquerez si vous naviguer couramment dans la nature que cet instant-là est fêté par la vie par les oiseaux par exemple toujours eux, mais par d’autres animaux où les animaux du soir nocturne commence à sortir s’éveille ce que représente pour nous l’envers du jour et le sommeil vous en verrez tout sont contraires au réveil de la nuit et ce petit moment infime de basculement comme l’est l’automne et le printemps avec des rythmes beaucoup plus longs ils sont des intermédiaires entre deux extrêmes la clarté maximum et la noirceur maximum de ces minutes suscitent parfois je dirais même fréquemment chez moi un émerveillement de choses infimes qui peut se constater partout où que vous soyez sur Terre ou ailleurs c’est ce basculement ou l’astre qui vous permet de vivre se trouve masqué et l’instant ou vous retrouvez son éclat jusqu’à la venue du soir à l’aube ces instants de permutation de la lumière sont véritablement magiques vous devriez vous y attacher un peu plus et les noter pour s’émerveiller du monde tel qu’il est de sa qualité y goûter sans aucun terme sans aucun mot en ressentant tout simplement cette perception d’une banalité extrême quand on y regarde de près vous apporte ce qu’on appelle la nuance.