(texte (??) - 7 juin 2016 à 12h20)

C’était grand jour de liesse, et dans la liturgie du lieu, on répétait inlassablement une litanie coutumière en vieille langue d’autrefois faite de mots au sens en partie oublier, mais rituel approprié qui satisfaisait le haut pontife, idolâtre du dieu.
Et parce que İpanadrega ne faisait que passer, pris dans la foule, dès qu’il entendit ce récit lancinant, se mit en devoir de le déchiffrer, tant la musique des mots lui plus.
Et parce qu’il questionnait trop à ce sujet, sa demande suscitait une surprise inadéquate et c’est ce qui déplut à la gent notable du lieu, « Pourquoi donc chercher à comprendre cette musique des mots, tradition dont le sens doit rester, en partie, mystérieux ».
Malgré tout, pour ne pas éveiller les foules, un moine éclairé et instruit, ayant reçu des ordres, c’est ce qui lui révéla plus tard, l’invita d’aller plus au calme, dans un cloître, à l’écart et lui fit cette révélation surprenante,
— chers visiteurs, je t’ai amené là pour te parler avec beaucoup de franchise et comme tu n’es pas d’ici, tu ne peux savoir ; cette vieille litanie orale que l’on chante à chaque fête, tous les ans, depuis bien longtemps, est attribuée à un Esep d’Osiris ; ce grand sage d’une époque très ancienne vint dans cette cité finir sa vie, après un vaste voyage qui le rendit peut-être un peu fou ; il récitait ce poème sans ne l’avoir jamais écrit, et c’est de parole en parole qu’il nous est parvenu ainsi. Mais comme tu me sembles brave et innocent, je vais te le traduire, ce poème, dans ta langue, récit que je n’ai jamais osé écrire, car cela nous est interdit. Écoute donc cette légende et ne m’interrompe pas.