(texte final - édition du 13 oct. 2017 à 23h49)
—> 1. « İl », prolegomena, dans les rêves :
—> devient ensuite : 11. [o] (hésitations) (version finale)
Dans les rêves endormis poussent d’étranges êtres venus de lointains horizons d’où l’on ne sait quelle guérison ils ont apportée. Un murmure doux et profond trouble les nuits d’un abandon généreux, les souffles disgracieux de ces créatures qui reposent, un temps heureux. Un songe délicat traverse leur sommeil… à moins que ?
İpanadrega serait né de tout cela, les songes, les cauchemars, des divagations les plus variées, fruits d’une grande imagination et de voyages, dans ces hallucinations… Ou… peut-être pas…
Considérant comme un embêtement dans ces hésitations, c’est peu dire qu’il était ébloui de lui-même, son émoi ! Comprenant très vite ce qui suscitait son agacement, en esquissant un geste, qu’il estima beau, il fit relire à l’auteur le début du chapitre, puis, avec un ton précieux où teintent quelques élans de son orgueil, lui demanda la réécriture de ce paragraphe jugé insatisfaisant.
— Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas, mais vous avez un loup noir au creux des yeux, et je vous trouve bien distrait en ce moment… Peut-être feriez-vous bien d’appeler le fossoyeur, qu’il enterre vos vilains mots et je sais votre talent, capable d’un mieux… Mais, ici, à cet instant, dans votre récit, l’esprit de moi n’y subsiste guère. Je vous avais pourtant demandé de tout mettre, le vrai comme le faux, les mensonges et la vérité ; que l’on s’abreuve à satiété de l’idée de moi sans gêne ni pudeur ! Laissez la place… je vais vous inspirer.
« Debentia dici ! (ou Quod erat dixit ?) 5… Ce qu’il faut dire, dire les choses telles qu’elles doivent être dites. »
(Il aime bien prendre ce ton professoral, cette détestable manière qui vous irrite)
Dans ses rêves, à moitié endormis, poussent des êtres étranges arrivant de lointains horizons ; il ne sait quelle malédiction ils ont apportée ni d’où elle fut venue. De ces illusions charmantes, il n’en reste presque rien ; seulement quelques tourments auxquels il ne tient guère, ainsi qu’une vacherie mélancolique qui lui griffa un peu la joue, au réveil. N’en persistent à peu près aucun de ces songes délicats, du remords, des pertes et des fracas.
Innombrable devient sa fuite et de l’ennui qu’il régurgite une seule idée résiste ; il la laisse tout de suite dans un coin, auprès des pensées, pour la faire resurgir à la moindre envie d’y revenir ensuite ; il aime les taquineries accordées à son âme, la soif de l’humiliation…
(Satisfait des corrections apportées au « dit de lui », voyant l’auteur assujetti à son bon désir écrire la prose adéquate, il s’évapora avec un malin plaisir ; son habitude, quand l’ennui vient le cueillir et qu’il ne trouve plus aucun prétexte pour médire.)
…
—> devient ensuite : 12. [t b] (tourments et tentation du voyage) (version finale)
La possibilité d’un rêve…
à l’horizon de son nouvel âge,
élabore des variations intenses.
Il se souvient, il n’y a pas bien longtemps, avoir rédigé sur ces errances, une prose incertaine et maladroite emportant les effrois de sa plus jeune enfance dans une adolescence tourmentée et finissante, pour devenir cet adulte mal formé ; la vie nous dessert parfois dans des préjudices incongrus si peu lisses où s’accroche souvent un vice, à cause de charnières pauvrement huilées.
Mais qu’importe, déjà il avait la tentation du voyage, de la vision des lointains évanescents, des grandes plaines, des horizons interminables. Dans sa tête, des songes ; ils voguaient dans un transport archaïque, sur un de ces vaisseaux du désert, dans une steppe où l’on rigole à la lune, sous une ample voûte étoilée, qu’il avait entrevue dans ces livres d’images, écrits par des aventuriers, en souvenir de leurs explorations, ouvrages aux évocations idylliques ; ses yeux éblouis par les parures de cette nature qui lui apparaît encore comme une étrangère, elle lui apporte une attirance devenue nécessaire, maintenant qu’il envisage bien plus que d’en rêver, à ces vastes landes éthérées sous le soleil ; voyez, il commence déjà à divaguer sur des itinéraires !
Ainsi, avec beaucoup d’innocence, il se décrivait des mondes indistincts que son imaginaire dépeignait avec toutes les maladresses et les incertitudes de sa jeunesse, élaborant des cartes et des terrains, il dessinait des îles, dans des jeux pas bien malins ; une âme compatissante aurait pu dire : « excusez-le, il apprend, il doit trouver son chemin ! »
— Tiens, toi là, lis donc ceci !
(Il tend une feuille remplie d’écrits.)
— Qui ? Moi ?
— Oui toi !
— Que dois-je lire ?
— Ça (il lui montre du doigt).
— Là… fuite sauvage… mais c’est illisible ?
— Oui, je sais, mais lis !
— Vous auriez pu mettre votre texte au propre, le taper à la machine à écrire par exemple, que je puisse lire correctement…
— Oui, je sais, mais lis tout de même !
— Je vais essayer ! (il a du mal, il bute sur des mots…)
« Une fuite sauvage s’écoule dans la plaine.
Des chosesTroupe hardie au sens vif gronde de son souffle, tapage et brumeux. Grains volages s’y transportent à pareille destinée, le sentir en haleine. La bouche se glissedes, lambeaux et lavures en descend, tirer en fil par le vent. Comme il crame à leur vue, ils détalent brillamment d’une course agile et tenue rythme de longue cheminedéjàbien déjà au temps jadis parcouru… Un tout ou infinie rayonne la brille lumière. S’y dessinent teintes et aspectsinétalés commepetiepique et rases pousses en font un spectacle joyeux, ces durs vert chloroforme, jaune brûlure, brunes tellures crachent la mûre vérité des sols occupés. »
— Et cætera, et cætera ; le reste est assez mauvais, tu peux t’arrêter…
(Il reprend la feuille et commence à la déchirer ; mais il s’interrompt sur les dernières lignes et lit d’un œil critique ce qui n’est pas encore rompu.)
« Malgré alcor
et, style stile et sombre cor tord, qui poussent à s’en crever leurs ombrures, il brûle du vent dans la plaine, une fuite sauvage s’écoule, gronde à pareille destinée, une chose belle s’en détache. Cette vue m’arrête, tranquilleil brume en faite,s’ille ciel, ignore et s’en fout, un grain volage s’y transporte.pareil destinéInfinis, au-delà d’autres ciels mirent leurs graines étoiles,qu’il faitqu’elles soient atomes ou sirius le temps y passeque commeau plaisirde l’ade chacun… »
(Il jette la feuille derrière lui.)
La feuille originale, remplie d’écrits ; vous voyez bien, on ne vous ment pas :